Contexte et méthodologie
Un rapport publié par la Défenseure des droits, Claire Hédon, le 4 décembre 2025 présente les résultats de l'enquête « Accès aux droits » réalisée en 2024 par Ipsos auprès de plus de 5 000 personnes. Le rapport analyse l'évolution des discriminations fondées sur la religion et recense des signalements reçus via le numéro dédié 3928.
Principaux résultats
Prévalence : 7 % des personnes interrogées déclarent avoir subi une discrimination liée à la religion au cours des cinq dernières années, contre 5 % en 2016. Le pourcentage de témoins de telles discriminations passe de 21 % en 2016 à 31 % dans l'enquête 2024.
Groupes affectés : le taux déclaré monte à 34 % pour les personnes musulmanes ou perçues comme telles (27 % en 2016) et s'établit à 4 % pour les personnes de religion chrétienne (2 % en 2016). Les personnes portant un signe religieux déclarent un taux de discriminations de 15 %, contre 6 % pour celles ne portant pas de signe religieux.
Sexe et visibilité : 38 % des femmes musulmanes déclarent avoir subi une discrimination au cours des cinq dernières années, contre 31 % des hommes de la même religion.
Génération : 10,7 % des 18-34 ans déclarent avoir subi une discrimination liée à la religion, contre 2,7 % des 55-79 ans.
Signalements : les appels reçus via le numéro 3928 pour des discriminations religieuses ont été multipliés par dix depuis 2017, atteignant près de 200 appels en 2024.
Facteurs identifiés
Le rapport met en lien la visibilité des signes religieux et le risque perçu de discrimination. Il signale également une imbrication des motifs « religion » et « origine », les personnes se sentant perçues comme arabes déclarant plus fréquemment des discriminations liées à la religion. Le rapport cite des évolutions réglementaires récentes, comme l'interdiction du voile dans certaines fédérations sportives et la circulaire visant l'interdiction de l'abaya dans les établissements scolaires mise en place en 2023, comme éléments à prendre en compte dans l'analyse du contexte.
Le rapport note aussi une compréhension erronée de la laïcité : 24 % des sondés déclarent la percevoir comme une interdiction des signes religieux dans l'espace public.
Effets constatés sur les personnes
Le rapport signale des conséquences pour les personnes se déclarant victimes : troubles de l'état émotionnel (anxiété), sentiment de rejet, isolement social et fragilisation économique. Il précise que certaines pratiques ou règles visant à lutter contre le « séparatisme » ou le « communautarisme » peuvent, selon l'analyse présentée, contribuer à alimenter des mécanismes de stigmatisation.
Recommandations et propositions
La Défenseure des droits appelle à une « prise de conscience institutionnelle » et propose des mesures de sensibilisation et de formation, en particulier dans le milieu scolaire. Le rapport recommande l'introduction d'un enseignement de la laïcité dès le niveau élémentaire afin d'améliorer la compréhension des droits et de leurs limites. Il préconise également des actions de formation et de sensibilisation destinées aux professionnels en contact avec le public.








