Contexte
Le 3 décembre 2025, des responsables civils libanais et israéliens se sont rencontrés au siège de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) à Naqoura, près de la frontière israélienne, dans le cadre du mécanisme de surveillance du cessez‑le‑feu dans le sud du Liban. Il s'agit, selon les participants, des premières discussions directes entre les deux pays depuis plus de quarante ans, alors que le Liban et Israël demeurent techniquement en état de guerre.
La réunion s'est tenue dans un contexte de tensions persistantes entre Israël et le mouvement Hezbollah, marquées par des déclarations publiques sur le risque d'escalade et des opérations ponctuelles attribuées à Israël visant des responsables ou des positions du Hezbollah.
Déroulement de la réunion
Les deux délégations, composées de responsables civils, se sont rencontrées à Naqoura en présence de l'émissaire américaine pour le Proche‑Orient, Morgan Ortagus. La rencontre a eu lieu dans le cadre d'un organisme de supervision du cessez‑le‑feu associant, outre les parties libanaise et israélienne, les États‑Unis, la France et l'ONU.
Jusqu'à cette rencontre, les représentants au sein de ce mécanisme étaient généralement des officiers militaires. Les participants ont indiqué qu'il avait été convenu d'examiner des idées visant notamment à promouvoir une éventuelle coopération économique, tout en traitant des questions liées à la sécurité et à la mise en œuvre du cessez‑le‑feu.
Acteurs impliqués
La délégation libanaise était conduite par l'ancien diplomate Simon Karam, tandis que la délégation israélienne était représentée par Uri Resnick, responsable au Conseil de sécurité nationale israélien. L'émissaire américaine Morgan Ortagus était présente, selon les organisateurs du mécanisme.
Le mécanisme associe également des représentants des États‑Unis, de la France et de l'ONU, qui assurent un rôle de facilitation et de supervision des échanges entre les parties.
Positions exprimées
Le bureau du Premier ministre israélien a qualifié la réunion d'« atmosphère positive » et indiqué qu'il avait été convenu d'élaborer des idées pour une coopération économique éventuelle. Le gouvernement israélien a par ailleurs réaffirmé que le désarmement du Hezbollah était « incontournable » pour sa sécurité.
Le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, a déclaré que l'objectif de ces réunions était d'aboutir à la cessation des hostilités, au retrait total des forces israéliennes du territoire libanais et à la libération d'otages libanais. Il a précisé que des relations économiques ne pouvaient précéder un processus de normalisation et a rappelé l'engagement du Liban envers l'initiative de paix arabe de 2002, excluant la conclusion d'une paix séparée avec Israël.
M. Salam a également indiqué que le Liban était ouvert à ce que l'ONU, les États‑Unis et la France vérifient, via l'armée libanaise, le démantèlement des structures militaires du Hezbollah dans le sud du pays. Il a ajouté que l'armée libanaise devait achever « d'ici la fin de l'année » le démantèlement de certaines structures situées entre la frontière et le fleuve Litani.
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a estimé que « le désarmement du Hezbollah est crucial pour l'avenir du Liban et la sécurité d'Israël ». Le ministre de la Défense israélien, Israel Katz, a déclaré devant le Parlement qu'il n'y aurait « pas de calme » au Liban sans sécurité pour Israël et a évoqué la poursuite des pressions sur le mouvement. Le gouvernement israélien a imputé à des opérations récentes l'élimination d'un chef militaire du Hezbollah à Beyrouth, un événement auquel le Hezbollah a répondu qu'il se réservait « le droit de répondre ».
Antécédents et points en suspens
Les deux pays ont entretenu des contacts directs par le passé, notamment après l'invasion israélienne du Liban dans les années 1980, qui avaient conduit à des accords non ratifiés. Les réunions de Naqoura représentent un changement de format par rapport aux rencontres antérieures du mécanisme, où les représentants étaient principalement militaires.
Des questions importantes demeurent : modalités de désarmement du Hezbollah, procédures de vérification, retrait des positions israéliennes dans le sud libanais, libération des otages et conditions d'une éventuelle normalisation ou coopération économique. Les participants et les États impliqués ont indiqué que des discussions supplémentaires et des vérifications seraient nécessaires pour progresser sur ces sujets.
Suites prévues
La réunion a été suivie d'échanges diplomatiques entre l'émissaire américaine et des responsables israéliens, et l'émissaire était attendue au Liban pour poursuivre les consultations. Les autorités libanaises et israéliennes ont évoqué la possibilité de nouvelles rencontres au sein du mécanisme de supervision du cessez‑le‑feu, sous l'égide des parties internationales impliquées.








