Le 10 novembre 2025, l'État indonésien a élevé Suharto au rang de « héros national » par décret présidentiel, au sein d'une liste de dix personnalités distinguées.
Décision et procédure
Le décret a été rendu public et lu par le secrétaire militaire du président Prabowo Subianto. Il inscrit Suharto parmi dix personnes nouvellement honorées par l'État. Le secrétaire d'État Prasetyo Hadi a présenté cette mesure comme la manière dont l'État rend hommage à ses prédécesseurs et à ses dirigeants.
Contestations et réactions
Avant l'annonce officielle, une pétition demandant le retrait du nom de Suharto avait recueilli la signature de plus de 500 universitaires, académiciens et militants des droits humains. La Commission pour les disparus et les victimes de violences (Kontras), organisation indonésienne de défense des droits humains, a vivement critiqué l'attribution du titre, estimant qu'elle participait à la normalisation de l'impunité. Dimas Bagus Arya, coordinateur de la Kontras, a déclaré que Suharto ne méritait pas ce titre au regard des accusations portées contre lui.
Parcours de Suharto et points de controverse
Suharto a exercé la direction de l'Indonésie jusqu'en 1998, après avoir pris le pouvoir à la suite des événements de 1965-1966. Il est décédé en 2008. Son long règne est associé à une croissance économique sur plusieurs décennies, mais aussi à des pratiques de corruption à grande échelle et à des violations graves des droits humains, incluant des opérations répressives contre des opposants et l'annexion du Timor oriental.
Le débat public a également souligné les liens personnels et professionnels entre le président actuel, Prabowo Subianto, et l'ancien régime : Prabowo a servi comme officier dans les forces spéciales à la fin du régime de Suharto et est lié à sa famille par son mariage.
Autres personnalités distinguées
La liste des dix personnes honorées comprenait par ailleurs Marsinah, militante syndicale tuée en 1993, et Abdurrahman Wahid, ancien président de la République, décédé en 2009.
Enjeux et effets attendus
La décision a suscité des réactions divergentes parmi les acteurs officiels et les organisations de la société civile. Les débats portent principalement sur les enjeux de mémoire, de responsabilité et de justice liés au passé politique indonésien. Certains y voient une reconnaissance des services rendus au pays ; d'autres y voient un effacement ou une réhabilitation contestée des responsabilités liées aux violations des droits humains.








