Présentation générale
L’enquête internationale Talis de l’OCDE (2024) a recueilli les réponses d’environ 280 000 enseignants dans 55 pays et territoires, dont un échantillon représentatif de 3 766 professeurs de collège et 2 246 enseignants d’école élémentaire en France. Les résultats mettent en lumière une satisfaction professionnelle en France inférieure à la moyenne de l’OCDE ainsi que des indices de reconnaissance sociale et de conditions de travail préoccupants.
Satisfaction et reconnaissance
En France, 79 % des enseignants se déclarent satisfaits de leur travail, contre près de 90 % en moyenne dans les pays de l’OCDE. Seuls 54 % estiment que les avantages d’être enseignant l’emportent sur les inconvénients, soit la valeur la plus basse observée parmi les pays de l’OCDE. Par ailleurs, seulement 4 % des enseignants français jugent que la société valorise leur profession (moyenne OCDE : 20 %), et seulement 4 % estiment que les décideurs politiques tiennent compte de leur avis.
Rémunération et conditions de travail
La satisfaction vis‑à‑vis des salaires est significativement plus faible en France qu’en moyenne OCDE : 27 % des professeurs de collège et 22 % des enseignants d’élémentaire se disent satisfaits de leur rémunération (contre 40 % en moyenne OCDE). Les répondants signalent des conditions d’enseignement marquées par des problèmes de discipline : 80 % déclarent rencontrer des élèves perturbateurs et consacrent en moyenne 18 % de leur temps scolaire aux questions disciplinaires.
Hétérogénéité des classes et évolution 2018–2024
L’enquête observe une forte augmentation de la part d’enseignants travaillant dans des établissements où au moins 10 % des élèves ont des besoins éducatifs particuliers, passée de 42 % à 74 % entre 2018 et 2024. La proportion d’enseignants dont les écoles accueillent au moins 1 % d’élèves réfugiés est également en hausse, de 44 % à 65 % sur la même période.
Formation initiale et continue
Les jeunes enseignants français se déclarent moins souvent bien préparés à la pratique pédagogique que dans la moyenne OCDE : 50 % se sentent bien préparés au collège et 34 % à l’école élémentaire. L’enquête souligne des perceptions de déficits en matière de préparation pédagogique et de ressources pour mettre en œuvre les changements demandés. Par ailleurs, 9 % des enseignants indiquent avoir reçu une formation sur l’intelligence artificielle au cours des 12 derniers mois.
Stress et bien‑être au travail
En France, 18 % des enseignants déclarent ressentir beaucoup de stress en 2024, contre 11 % en 2018. Les facteurs évoqués par les répondants comprennent les réformes, la charge administrative et l’adaptation des enseignements aux élèves à besoins éducatifs particuliers.
Coopération professionnelle
Le temps hebdomadaire consacré au travail d’équipe pour un enseignant à temps plein est, en moyenne, de deux heures en France, contre trois heures en moyenne dans l’OCDE, et jusqu’à quatre ou cinq heures dans certains pays. L’enquête signale des difficultés à instaurer une culture de coopération durable dans de nombreux établissements.
Observations d’instances et réformes annoncées
Des spécialistes de l’OCDE ont jugé les résultats concernant la France préoccupants, en soulignant notamment les enjeux liés à la formation professionnelle, à la reconnaissance du métier et à la coopération. La réforme de la formation initiale annoncée en 2024 prévoit de ramener le niveau des concours d’accès au métier d’enseignant à bac+3 (au lieu de bac+5). Les autorités interrogées indiquent que l’efficience de la formation sera déterminante pour son impact sur l’attractivité du métier.
Données chiffrées clés
- Enquête Talis 2024 : environ 280 000 enseignants dans 55 pays et territoires ; France : 3 766 enseignants de collège, 2 246 enseignants d’élémentaire.
- Satisfaction professionnelle en France : 79 % (OCDE : ~90 %).
- Profession valorisée par la société : 4 % en France (OCDE : 20 %).
- Satisfaction salariale : 27 % (collège), 22 % (élémentaire) en France (OCDE : 40 %).
- Problèmes de discipline rapportés : 80 % des enseignants français.
- Écoles avec ≥10 % d’élèves à besoins éducatifs particuliers : 42 % → 74 % (2018→2024).
- Enseignants ayant reçu une formation à l’IA sur 12 mois : 9 % (France).