Contexte
Le Festival international de la bande dessinée d'Angoulême (FIBD) est organisé depuis 2007 par la société 9e Art+. L'événement reçoit des financements publics (État, collectivités territoriales) et privés. Depuis l'édition tenue en janvier 2025, des critiques ont été formulées à l'encontre de l'organisation du festival, portant notamment sur des pratiques internes, la gouvernance et des décisions de gestion.
Chronologie des décisions et des annonces
Début novembre 2025, la reconduction de la société 9e Art+ à la tête de l'événement a été rendue publique, puis remise en question à la suite de contestations portant sur la procédure et le rôle de l'organisateur.
L'association FIBD a annulé la reconduction de 9e Art+ au-delà de la durée de son contrat, réévalué la répartition de certaines responsabilités d'organisation et annoncé des mesures de gouvernance, dont la constitution d'instances associant davantage de représentants du secteur pour piloter un nouvel appel à projets.
Le 13 novembre 2025, des mesures ont été annoncées pour revoir la désignation du futur organisateur, avec la mise en place d'instances associant pouvoirs publics et représentants professionnels afin de piloter un nouvel appel à projets.
Le 17 novembre 2025, des partenaires publics ont proposé que l'ADBDA (Association pour le développement de la bande dessinée à Angoulême) pilote le processus de désignation du futur organisateur.
Le 19 novembre 2025, le Syndicat national de l'édition (SNE) a indiqué que, compte tenu du mouvement de retrait et de boycott des auteurs et autrices, l'édition 2026 « ne pourra plus se tenir ».
Le 20 novembre 2025, les financeurs publics (municipalité d'Angoulême, Grand Angoulême, département de la Charente, région Nouvelle-Aquitaine et un représentant de l'État) ont, lors d'une conférence de presse conjointe, demandé aux organisateurs du FIBD et à la société 9e Art+ de renoncer à la tenue de l'édition 2026. Les représentants publics ont estimé qu'il était « plus que compliqué » d'organiser l'événement sans la participation des auteurs et des éditeurs et ont annoncé qu'ils ne financeraient pas l'édition 2026.
À l'issue de cette déclaration, les partenaires publics ont indiqué vouloir préparer l'avenir du festival en organisant une refonte du pilotage et la recherche d'un nouvel opérateur en vue d'une édition 2027 confiée à une nouvelle gouvernance, incluant une proposition de pilotage par une interprofession de la bande dessinée.
Positions des principaux acteurs
Auteurs et collectifs : une intersyndicale et plusieurs collectifs d'auteurs ont appelé au boycott de l'édition 2026, demandant des changements de gouvernance et des garanties sur le traitement des violences et du harcèlement.
Autrices : un collectif d'autrices a publié une tribune annonçant leur refus de participer à l'édition 2026 et formulant des demandes sur la diversité de la programmation et la gestion des signalements.
Éditeurs : le SNE et plusieurs éditeurs ont exprimé leur soutien au mouvement et estimé qu'il n'était plus possible, dans les conditions existantes, d'assurer l'édition 2026.
Organisateurs (9e Art+) : la société organisatrice a indiqué être ouverte au dialogue et a signalé des ajustements de son organisation. Le délégué général a déclaré se mettre en retrait de l'interface avec la profession.
Pouvoirs publics : des divergences sont apparues entre le ministère de la Culture, qui avait initialement exprimé le souhait de maintenir l'édition 2026, et les financeurs locaux, qui ont demandé aux organisateurs de renoncer à l'édition et annoncé la suspension du financement public pour 2026.
Financement
Le ministère de la Culture avait déjà réduit une partie des subventions accordées à l'organisateur, évoquant une coupure d'un montant de 200 000 euros après l'édition 2025 pour des manquements constatés.
Lors de la conférence publique des financeurs, des montants budgétaires ont été rappelés : le budget annuel du festival a été mentionné autour de 6,2 millions d'euros et les contributions publiques apportées l'année précédente autour de 2,6 millions d'euros. Les financeurs ont indiqué qu'ils ne verseraient pas de financement pour l'édition 2026 dans les circonstances exposées.
Enjeux et points en suspens
Tenue de l'édition 2026 : la demande publique des financeurs de renoncer à l'édition a rendu probable l'annulation de l'édition 2026, mais la décision finale relève des instances de l'association du FIBD et de l'organisateur. L'ampleur du boycott des auteurs et le retrait de certains éditeurs augmentent l'incertitude.
Gouvernance et désignation d'un nouvel organisateur : les partenaires publics ont annoncé leur volonté de conduire un processus de refonte du pilotage et de désignation d'un nouvel opérateur pour 2027, en associant davantage de représentants professionnels et en envisageant une gouvernance interprofessionnelle.
Impact économique et culturel : les autorités locales et les acteurs du secteur ont souligné les conséquences potentielles d'une annulation pour le territoire et la filière. Les discussions entre organisateurs, représentants professionnels et financeurs restaient en cours pour déterminer les suites à donner.
Conclusion
La situation a évolué entre le 19 et le 20 novembre 2025, marquée par une montée en tension entre les organisateurs, la profession et les financeurs publics. Les financeurs locaux ont demandé l'annulation de l'édition 2026 et proposé de préparer une refonte du pilotage pour une reprise sous une nouvelle gouvernance en 2027. Des réunions et échanges étaient prévus pour finaliser les décisions sur l'avenir immédiat et moyen du festival.








