Résultat principal
Une étude publiée le 16 octobre 2025 dans la revue Nature conclut que les forêts tropicales du nord de l’Australie, notamment dans l’État du Queensland, émettent actuellement plus de dioxyde de carbone qu’elles n’en absorbent. Les auteurs de l’étude incluent Patrick Meir, Hannah Carle et David Bauman.
Contexte
Les forêts tropicales sont classiquement considérées comme des puits de carbone en raison de leur capacité à capter et stocker le dioxyde de carbone atmosphérique dans la biomasse végétale. Des travaux antérieurs avaient aussi étudié l’effet fertilisant d’une concentration accrue de CO2 sur la croissance des arbres.
Méthodologie
Les chercheurs ont analysé des registres de croissance forestière couvrant près de cinquante ans pour des peuplements tropicaux du Queensland. Ils ont combiné ces observations dendrométriques avec des modélisations climatiques et des analyses de la décomposition de la biomasse morte.
Observations et chronologie
Les séries examinées indiquent qu’à partir d’environ l’an 2000 la décomposition des arbres morts a conduit à des émissions de CO2 supérieures à l’absorption et au stockage par la croissance des troncs et des branches. Cette tendance est observée sur plusieurs années et conduit à une bascule nette, sur la période étudiée, du statut de puits vers celui d’émetteur net de carbone pour ces forêts.
Facteurs identifiés
Les analyses de modélisation attribuent principalement ce changement à des conditions climatiques extrêmes : hausse des températures, augmentation de la demande atmosphérique en eau (vapeur d’eau), épisodes de sécheresse et événements cycloniques. Ces facteurs agissent à la fois en augmentant la mortalité des arbres et en affectant les processus de décomposition.
Comparaisons et généralisation
Les auteurs rapprochent leurs résultats de travaux menés en Amazonie qui montrent également une augmentation de la mortalité arborée et une réduction de la capacité de stockage du carbone dans certains secteurs. Ils indiquent toutefois que les mécanismes précis et les échéances peuvent varier selon les régions tropicales.
Limites et incertitudes
Les chercheurs soulignent la nécessité d’étendre les jeux de données et les études régionales avant de généraliser la transition observée à l’ensemble des forêts tropicales mondiales. Ils signalent des incertitudes sur les mécanismes locaux et sur l’influence relative des différents facteurs climatiques.
Conséquences et contexte plus large
L’étude suggère que d’autres forêts tropicales pourraient connaître des évolutions analogues si des conditions climatiques comparables se maintiennent ou s’amplifient. Dans le même temps, des éléments de contexte national et global sont rappelés dans les sources rapportées : l’Australie reste un exportateur important de charbon et présente des émissions de CO2 par habitant élevées selon des données internationales, et les observations climatiques récentes (années 2023–2024 et l’année 2024) ont dépassé 1,5 °C de réchauffement relatif à l’ère préindustrielle selon l’observatoire européen Copernicus.
Synthèse
L’étude documente une bascule observée dans les forêts tropicales du nord de l’Australie, passant d’un puits net de carbone à un émetteur net, liée principalement à une augmentation de la mortalité des arbres et à des conditions climatiques extrêmes. Les auteurs appellent à des recherches complémentaires pour préciser l’étendue géographique, les mécanismes en jeu et les délais de ces transformations.