Contexte
Le 21 septembre 2025, Gabriel Attal est intervenu lors de la rentrée du parti Renaissance, organisée à Arras (Pas-de-Calais). Selon les comptes rendus, entre 2 500 et 3 000 personnes étaient présentes au Parc des Expositions d'Arras. La clôture de la cérémonie a été marquée par un dysfonctionnement technique : l'introduction de la Marseillaise a été répétée par erreur.
Plusieurs responsables et parlementaires proches du parti n'ont pas assisté au discours. Parmi les absents cités figuraient Benjamin Haddad, Aurore Bergé et Élisabeth Borne. Deux ministres originaires de la région, Agnès Pannier-Runacher et Gérald Darmanin, étaient présents au premier rang. Des témoins ont indiqué qu'une « consigne » avait été donnée à certains niveaux de la direction pour ne pas assister au discours.
La prise de parole s'inscrit dans un contexte de tensions internes au sein de Renaissance et d'interrogations sur le positionnement du parti par rapport au chef de l'État et au gouvernement.
Discours et propositions
Gabriel Attal, ancien Premier ministre et secrétaire général de Renaissance, a appelé le parti à s'adapter aux évolutions politiques et sociales et a présenté plusieurs axes pour ce qu'il a qualifié de « nouvelle République ».
Sur l'exercice du pouvoir, il a demandé de « cesser de croire au mythe de l'homme providentiel » et a plaidé pour un « partage du pouvoir ». Il a associé une partie de l'instabilité politique récente à la décision de dissoudre l'Assemblée nationale.
Sur les questions sociales et économiques, il a évoqué :
- l'instauration possible d'un système de retraites par points ou fondé sur la durée de cotisation ;
- la suppression de l'âge légal de départ à la retraite telle que mentionnée dans des travaux internes du parti ;
- la nécessité d'interroger le temps de travail et le financement du modèle social ;
- l'exclusion de la création d'impôts supplémentaires qui nuiraient à la compétitivité des entreprises, en référence aux critiques sur une taxe dite « Zucman ».
Sur l'immigration, il a proposé l'idée d'un « permis à points » conditionnant l'accès au travail pour les personnes immigrées.
Sur le plan constitutionnel et institutionnel, il a suggéré :
- l'inscription d'un « principe de non-régression sociétale » dans la Constitution, calqué sur le principe de non-régression environnementale ;
- des adaptations de la Ve République pour l'aligner sur les défis du XXIe siècle, incluant un recours plus fréquent aux référendums, une réduction du nombre de parlementaires et la suppression d'une strate de collectivités territoriales ;
- des mesures visant à limiter les recours contentieux contre les grands projets.
Réactions et positionnement interne
Plusieurs responsables du parti ont exprimé des réserves sur le ton et la portée du discours, ainsi que sur la distance affichée vis-à-vis du président de la République. Certains cadres ont estimé que Renaissance ne devait pas se transformer en mouvement de rupture avec le chef de l'État, tandis que d'autres ont reconnu le droit de M. Attal à afficher une ambition présidentielle.
Sur la gestion du gouvernement et de la crise politique en cours, Gabriel Attal a annoncé son intention d'« aider » le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu. Des sources ont indiqué que M. Lecornu avait tenu une brève intervention à huis clos auprès des parlementaires la veille.
Renaissance fait face à des choix parlementaires, avec la perspective de concessions pour éviter des motions de censure, notamment de la part du Parti socialiste, selon des participants.
Enjeux et suites attendues
Le discours de rentrée esquisse des pistes de programme et d'évolution institutionnelle, sans texte détaillé. Plusieurs éléments renvoient à des études et travaux internes dont le contenu reste à préciser.
Les questions concernant la fiscalité des hauts revenus, les retraites et les ajustements institutionnels figurent parmi les chantiers évoqués. Les réactions internes témoignent d'un débat sur l'orientation du parti et sur sa relation avec le chef de l'État, qui devrait peser sur la stratégie de Renaissance à l'approche de l'échéance présidentielle évoquée par les intervenants.