Origine et évolution de l’épizootie
Depuis le 29 juin, les premiers cas de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) des bovins ont été détectés en Savoie et Haute-Savoie. À la date du 24 juillet, le ministère de l’Agriculture recensait 34 à 37 foyers dans ces départements. Il s’agit de la première apparition de cette maladie en France. La DNC touche principalement les bovins, mais peut également affecter les buffles et les zébus.
Caractéristiques de la maladie
La DNC se transmet par les piqûres d’insectes, tels que le stomoxe (mouche piquante) et le taon. Selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), la maladie n'est pas transmissible à l’humain, ni par contact avec des animaux infectés, ni par la consommation de produits d’origine animale, ni par piqûres d’insectes à l’humain.
Mesures sanitaires et dispositif de lutte
Les mesures mises en œuvre incluent l’euthanasie des troupeaux où des cas sont détectés, la vaccination des bovins et l’application de mesures de biosécurité, notamment l’interdiction de déplacement des animaux concernés. La vaccination est réalisée dans une zone réglementée de 50 kilomètres autour des foyers, englobant la majeure partie de la Savoie et de la Haute-Savoie, ainsi qu’une partie de l’Ain et de l’Isère. Près de 310 000 bovins doivent être vaccinés dans le cadre de ce dispositif.
Au 24 juillet, environ 1 500 animaux issus de 33 troupeaux ont été euthanasiés. Le protocole sanitaire suivi, validé par des organismes de référence, vise à limiter la diffusion du virus, considéré comme hautement contagieux. Un maximum de doses de vaccin a été commandé auprès de l’Union européenne moins de 48 heures après la confirmation du premier foyer. Selon le ministère, la campagne de vaccination mobilise environ 20 000 actes par jour et la protection des animaux vaccinés est estimée acquise 21 jours après l’injection.
Réactions et mobilisation des acteurs
Les mesures d’abattage ont suscité des manifestations et des protestations de la part d’éleveurs et de syndicats agricoles, en particulier la Confédération paysanne et la Coordination rurale. Les manifestants ont remis en question l’abattage total des troupeaux, préconisant un abattage sélectif des seuls animaux malades, et ont critiqué la gestion de la crise, notamment la rapidité d’obtention des vaccins. Certains éleveurs ont tenté d’empêcher l’accès de leurs exploitations aux services vétérinaires pour éviter l’euthanasie de leurs troupeaux.
Les syndicats ont également mis en avant le besoin d’un accompagnement financier et psychologique renforcé, soulevant les conséquences économiques et humaines de la crise.
Déplacement ministériel et engagements
La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, s’est rendue en Savoie et Haute-Savoie pour rencontrer des représentants d’éleveurs, participer à une réunion de coordination et constater le déroulement des opérations de vaccination. Lors de ce déplacement, une charte d’accompagnement, prévoyant un soutien financier et psychologique pour les éleveurs concernés, a été signée.
Le gouvernement a annoncé une indemnisation pour les propriétaires d’animaux euthanasiés ainsi que la prise en charge de l’élimination des carcasses. La ministre a insisté sur la nécessité du protocole sanitaire mis en place et sur l’importance de la vaccination pour enrayer l’épizootie, soulignant que l’efficacité de ce type de campagne sanitaire a été démontrée précédemment dans d’autres pays européens.
Bilan et perspectives
L’ensemble des parties prenantes reconnaissent la menace que la poursuite de la propagation de la DNC ferait peser sur la filière bovine française. L’évolution de l’épizootie reste suivie par les autorités sanitaires, qui adaptent les dispositifs en fonction de l’évolution des foyers et de l’application des mesures de vaccination, d’euthanasie et de biosécurité.