Définition et conséquences
Le traumatisme crânien non accidentel, souvent appelé « syndrome du bébé secoué », correspond à une forme grave de maltraitance infantile résultant de secouements ou d'autres traumatismes crâniens infligés. En France, plusieurs centaines d'enfants sont concernés chaque année. Environ 10 % des cas entraînent le décès de l'enfant. Parmi les survivants, des séquelles neurologiques peuvent survenir, notamment des déficiences intellectuelles, motrices ou visuelles, ainsi que des troubles du comportement, du langage ou de l'attention.
Déclencheurs identifiés
Les pleurs persistants du nourrisson sont identifiés comme le principal facteur déclencheur de ces violences. Le geste survient le plus souvent dans un contexte d'épuisement ou d'exaspération parentale. Les stratégies d'information et de prévention visent à réduire ce risque en informant les parents sur la conduite à tenir face aux pleurs et sur les moyens de gérer leur propre stress.
Résultats d'une étude sur l'information des mères
Une étude conduite par l'Université Paris Cité, l'Inserm, l'AP-HP, Santé publique France, le CHU de Nantes et la start-up Kastafiore a évalué la diffusion d'un « plan de gestion des pleurs » auprès de mères récentes. Parmi 7 139 mères ayant répondu à un questionnaire deux mois après l'accouchement, 50,1 % ont déclaré ne pas avoir reçu le plan depuis la naissance de leur enfant. Les résultats sont publiés dans la revue Child Abuse & Neglect (publication accessible le 28 octobre 2025).
L'étude met en évidence des disparités dans la transmission de cette information. Les facteurs associés à une probabilité moindre d'avoir reçu le plan incluent un âge maternel supérieur à 30 ans, le fait d'avoir déjà des enfants et l'absence de participation à des séances de préparation à la naissance et à la parentalité. Les auteurs suggèrent que certains professionnels de santé pourraient accorder moins d'importance à l'information des mères jugées plus expérimentées ou plus âgées.
Contenu et objectifs du plan de gestion des pleurs
La Haute Autorité de Santé (HAS) recommande la remise d'un plan de gestion des pleurs. Ce document rappelle que les pleurs du nourrisson peuvent être normaux et transitoires, décrit des stratégies concrètes pour apaiser le bébé et propose des techniques de gestion du stress parental face aux pleurs persistants. Il comporte également un message explicite sur l'interdiction de secouer un bébé et sur les recours à mobiliser en cas de difficulté.
Recommandations des auteurs
Les auteurs de l'étude concluent qu'il existe une marge d'amélioration dans la diffusion de ces informations et préconisent de mieux structurer et prioriser la remise des plans de gestion des pleurs au sein des parcours périnataux. Leur objectif est d'assurer un accès équitable pour toutes les familles en France et de réduire le risque de traumatismes crâniens non accidentels liés aux pleurs du nourrisson.
Perspectives
Pour maximiser l'impact de la prévention, les auteurs suggèrent d'intégrer la remise systématique du plan dans les consultations postnatales, les séances de préparation à la naissance et les parcours de PMI (protection maternelle et infantile). Une sensibilisation répétée et adaptée au contexte familial pourrait contribuer à limiter les situations d'épuisement parental conduisant à des gestes violents.








