Le 10 novembre 2025, environ 70 à 80 % des médecins radiologues libéraux ont participé à une journée de grève organisée pour protester contre des baisses tarifaires décidées par l’Assurance maladie.
Contexte
Mi-octobre, l’Assurance maladie a publié une nouvelle grille tarifaire pour les actes d’imagerie, à la suite de l’échec des négociations conventionnelles avec les représentants de la profession. Ces baisses visent, selon l’Assurance maladie, à réaliser 300 millions d’euros d’économies sur le secteur de la radiologie d’ici 2027, dans le cadre du projet de budget de la Sécurité sociale. Au cours des débats parlementaires sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, un amendement a augmenté de 100 millions d’euros le montant des économies à réaliser dans certains secteurs, selon les organisations syndicales.
La nouvelle grille a été appliquée par étapes, la première baisse étant entrée en vigueur le 5 novembre. L’Assurance maladie a indiqué être disposée à discuter des mesures prévues pour 2026 et 2027, mais à ne pas revenir sur les premiers ajustements déjà mis en place.
Mobilisation et modalités de la grève
La Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR) a appelé les quelque 4 800 radiologues libéraux à fermer leurs cabinets pour la journée. Le syndicat a indiqué des taux de participation variables selon les territoires : dans plusieurs départements, la mobilisation atteint 100 %, tandis qu’elle serait de l’ordre de 30 % en région parisienne. Dans une majorité de territoires, le taux de grévistes serait compris entre 50 et 70 %. Une partie des praticiens exerçant dans des cabinets rattachés à des cliniques disposant de services d’urgences a été réquisitionnée ; cela concernerait une majorité des 130 cabinets de ce type.
Positions des parties
La FNMR a fait valoir que les diminutions tarifaires mettent en difficulté certains cabinets et pourraient conduire à une réduction des horaires d’ouverture ou à des fermetures, notamment en zones rurales et périurbaines. Le syndicat a annoncé son intention de déposer un recours contre la nouvelle grille tarifaire et propose de concentrer les efforts sur la pertinence des actes, en visant la réduction des examens jugés non nécessaires.
L’Assurance maladie, représentée par son directeur, Thomas Fatôme, a estimé que ces baisses tarifaires ne mettraient pas en cause la viabilité de la radiologie libérale. Selon un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) daté de juillet, les radiologues libéraux disposeraient d’une rémunération supérieure à la moyenne des médecins libéraux et à celle des spécialistes, la comparaison chiffrée indiquant un écart notable. L’Assurance maladie a également mis en garde contre le risque de financiarisation du secteur et présenté les économies comme une mesure destinée à ralentir la progression des dépenses d’imagerie.
Effets attendus et perspectives
Les économies programmées doivent s’étaler jusqu’en 2027. L’Assurance maladie a estimé que la baisse tarifaire devrait réduire d’environ un tiers la progression des dépenses attendues sur la période, par rapport à une trajectoire sans ces ajustements. Les représentants de la profession, de leur côté, alertent sur un risque de diminution de l’offre d’imagerie dans certaines zones et sur des conséquences organisationnelles pour les cabinets.
Les parties ont indiqué des possibilités de poursuite de discussions sur les modalités des économies pour les années à venir. La situation pourrait évoluer en fonction des recours juridiques déposés et des échanges ultérieurs entre la profession et l’Assurance maladie.








