Contexte de la mesure
À compter du 7 août, un droit de douane de 15 % est appliqué par les États-Unis sur les importations de produits européens, incluant les vins, champagnes et spiritueux. Cette décision fait suite à la signature, la veille, d'un décret par le président américain Donald Trump, augmentant les droits de douane sur les importations de plusieurs dizaines de pays.
Réactions de la filière française
La Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) a exprimé son opposition à cette mesure et a sollicité la France ainsi que l'Union européenne pour poursuivre activement les négociations avec les États-Unis dans le but d'obtenir une exemption pour le secteur. À ce stade, aucune exception n'a été accordée à l'Union européenne pour ces produits, qui constituent un secteur économique significatif notamment pour la France et l'Italie.
Selon Gabriel Picard, président de la FEVS, la combinaison du nouveau droit de douane et de la baisse récente du dollar américain pourrait entraîner une diminution d'environ un quart des ventes de vins et spiritueux français aux États-Unis, ce qui représenterait une perte estimée à un milliard d'euros. La FEVS estime également qu'une baisse des exportations aurait des conséquences sur environ 600 000 emplois directs et indirects liés au secteur en France.
Plusieurs responsables de la filière, tels que Jean-Marie Fabre, président du syndicat des vignerons indépendants de France, ont relayé l’appel à poursuivre les démarches politiques visant une exemption auprès de la Commission européenne. La vulnérabilité des petits producteurs a aussi été soulignée, ceux-ci ayant moins de capacité à absorber l'augmentation des coûts que les grandes entreprises du secteur.
Position des autorités politiques
La Commission européenne a confirmé la poursuite des discussions avec les États-Unis en vue d’obtenir des dérogations à ces droits de douane, bien qu’elle s’attende à ce que les produits concernés soient soumis à la taxe de 15 % dans l’immédiat. Du côté du gouvernement français, le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a affirmé la volonté de la France d'obtenir des garanties spécifiques pour les vins et spiritueux.
Enjeux économiques
Les États-Unis représentent un marché important pour la filière viticole française, particulièrement pour le champagne. En 2024, selon le Comité interprofessionnel du vin de Champagne (CIVC), les États-Unis ont absorbé 10 % des exportations françaises de champagne en volume et généré plus de 14 % du chiffre d'affaires du secteur, soit 820 millions d'euros. Les professionnels s'attendent à ce qu’une surtaxe de 15 % affecte la consommation de champagne sur le marché américain, bien que les conséquences précises en termes de volumes ne soient pas encore chiffrées. Certains importateurs américains ont anticipé la mise en place des surtaxes en augmentant temporairement leurs commandes, mais aucun effet d’aubaine durable n’a été constaté par les acteurs de la filière.
Perspectives
Les négociations se poursuivent entre les autorités européennes et américaines. Les professionnels du secteur estiment que les discussions doivent être maintenues afin de limiter les impacts économiques et sociaux de la hausse des droits de douane sur le secteur des vins et spiritueux européens.