Introduction
Une minute de silence a été observée le 14 octobre 2025 à 10 h dans l’ensemble des collèges et lycées de France en hommage à Samuel Paty et Dominique Bernard. Le ministère de l’Éducation nationale a indiqué que la minute de silence devait se dérouler "selon les modalités les plus appropriées à l’organisation locale" et a proposé, pour la même semaine, la tenue d’un temps d’analyse et de réflexion avec les élèves.
Attentats et circonstances
Le 16 octobre 2020, Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie âgé de 47 ans, a été assassiné à Conflans-Sainte-Honorine. L’auteur de l’attaque, Abdoullakh Anzorov, alors âgé de 18 ans et radicalisé, a revendiqué le passage à l’acte après avoir reproché au professeur d’avoir montré en classe des caricatures de Mahomet.
Le 13 octobre 2023, Dominique Bernard, professeur de français âgé de 57 ans au collège Gambetta-Carnot d’Arras, a été tué dans l’enceinte de son établissement. L’auteur de l’attaque, Mohammed Mogouchkov, un ancien élève fiché pour radicalisation, a été mis en cause.
Hommages locaux et commémorations
Des cérémonies commémoratives ont été organisées localement dans les jours précédant la minute nationale : une cérémonie a eu lieu à Éragny-sur-Oise, commune liée à la vie et au décès de Samuel Paty, et une autre à Arras en hommage à Dominique Bernard. Des aménagements commémoratifs locaux, notamment des dénominations d’espaces, ont été signalés.
Réactions des acteurs de l’éducation
Plusieurs organisations et représentants du monde enseignant ont réagi aux assassinats et aux commémorations. Le président du syndicat SNALC, Jean-Rémi Girard, a estimé qu’il existait un « avant et un après Samuel Paty » au sein de la profession, en soulignant la prise de conscience du caractère exposé du métier face aux rumeurs et aux réseaux sociaux. Sophie Venetitay, secrétaire générale du SNES-FSU, a indiqué que ces crimes avaient montré aux enseignants qu’ils pouvaient être visés pour leur activité professionnelle et a critiqué le recours au personnel enseignant pour organiser les hommages.
Dans une lettre adressée aux enseignants, l’ancienne ministre de l’Éducation nationale Élisabeth Borne a écrit : « Ces crimes ont frappé l’École au cœur. »
Enjeux de sécurité et propositions législatives
Des travaux parlementaires et des propositions de loi ont été engagés après ces faits. Un rapport d’une commission d’enquête du Sénat a formulé 38 recommandations destinées à renforcer la sécurité et la protection des personnels de l’Éducation nationale. Une proposition de loi visant, notamment, à garantir la protection fonctionnelle des enseignants a été déposée par le sénateur Pierre Ouzoulias. Une autre initiative législative portée par Laurent Lafon, relative à la protection de l’école et de ses personnels, a été adoptée au Sénat mais n’avait pas été votée par l’Assemblée nationale au moment des hommages.
Par ailleurs, l’enquête TALIS de l’OCDE, publiée le 7 octobre, signale un faible niveau de sentiment de valorisation des enseignants en France : 4 % des professeurs français se déclarent valorisés par la société contre 20 % en moyenne dans les pays membres de l’OCDE, chiffre présenté dans les analyses citées par les acteurs du secteur.
Situation judiciaire
À l’issue du procès en première instance lié à l’assassinat de Samuel Paty, huit personnes impliquées à divers degrés ont été reconnues coupables et condamnées à des peines comprises entre un et seize ans de détention. Un procès en appel concernant les principaux accusés devait s’ouvrir début 2026. L’auteur présumé de l’assassinat de Dominique Bernard était en détention provisoire dans l’attente de son jugement.
Modalités pédagogiques proposées
Le ministère de l’Éducation nationale a laissé aux équipes pédagogiques la liberté d’adapter la forme et la durée du temps d’analyse et de réflexion avec les élèves, en fonction des situations locales et des contraintes d’organisation.