Introduction
Une enquête récente intitulée EpiCov a révélé une détérioration notable de la santé mentale en France suite à la pandémie de Covid-19. Cette enquête a été menée par le service statistique des ministères sociaux (Drees) en collaboration avec l’Inserm, Santé publique France et l’Insee. L'étude, menée en quatre volets entre le printemps 2020 et l'automne 2022, a impliqué environ 64 000 personnes âgées de 15 ans et plus représentant la population française, à l'exception de la Guyane, Mayotte et les résidents des Ehpad et des prisons.
Résultats principaux
Augmentation des pensées suicidaires
Entre l'automne 2020 et l'automne 2022, le pourcentage de personnes déclarant des pensées suicidaires est passé de 2,8 % à 3,4 %. Cette augmentation est particulièrement marquée chez les personnes de moins de 25 ans, avec un taux atteignant 8,7 % chez les jeunes femmes.
Evolution des syndromes dépressifs
L'enquête révèle une évolution contradictoire concernant les symptômes dépressifs. Bien qu'il y ait eu une légère diminution des syndromes dépressifs légers entre 2021 et 2022 (passant de 10,6 % à 9,6 %), la fréquence des syndromes dépressifs majeurs est restée stable à 5,3 % de la population. La prévalence des syndromes dépressifs est particulièrement élevée chez les 15-24 ans, dépassant les niveaux observés avant la pandémie en 2019.
Facteurs de risque
Les discriminations fondées sur l'âge, le sexe, l'origine, le poids ou le handicap sont fortement corrélées à la présence de syndromes dépressifs. Les personnes s'identifiant comme homosexuelles ou bisexuelles, ainsi que celles passant plus de six heures par jour devant des écrans pour des raisons non professionnelles ou utilisant fréquemment les réseaux sociaux, sont également plus à risque.
Impact sur les jeunes
Les enfants et adolescents âgés de 5 à 17 ans ont également montré une augmentation significative des difficultés émotionnelles, en particulier les filles qui font face à de l'anxiété et de la tristesse accrue pendant cette période.
Accès aux soins en santé mentale
Malgré l'ampleur des problèmes de santé mentale, le recours aux soins demeure insuffisant. Le taux de consultation chez les généralistes a diminué (de 7 % à 5 %), tandis que le recours aux psychologues et psychiatres a légèrement augmenté, passant respectivement de 4 % à 6 % et de 2 % à 3 %. Néanmoins, une grande proportion de personnes présentant des pensées suicidaires (environ 50 %) et souffrant de syndromes dépressifs majeurs ou d'anxiété sévère (plus de 60 %) ne recourt toujours pas aux soins nécessaires.
Conclusion
L'étude met en lumière un lien important entre la pandémie de Covid-19 et la détérioration de la santé mentale en France. Elle souligne la nécessité d'une attention accrue et d'un meilleur accès aux soins pour les personnes les plus vulnérables face aux implications psychologiques de la pandémie.