Le Premier ministre britannique Keir Starmer a déclaré, lors de l'ouverture du congrès annuel du Parti travailliste à Liverpool, qu'il engagerait un "combat" contre la formation politique Reform UK, classée à l'extrême droite. Son intervention fait suite à une série d'événements politiques et de résultats d'opinion défavorables pour le gouvernement.
Contexte politique et économique
Le congrès s'est tenu alors que plusieurs indicateurs macroéconomiques et sociaux posent des défis au gouvernement. Le Royaume-Uni a enregistré un ralentissement de la croissance économique, une hausse du chômage et un niveau d'inflation supérieur à celui de plusieurs pays européens. Les arrivées d'immigration irrégulière ont atteint des niveaux décrits comme élevés par les autorités, ce qui occupe une place importante dans le débat public.
Montée de Reform UK et résultats d'opinion
Un sondage Ipsos publié le 28 septembre 2025 montrait un avantage de 12 points pour Reform UK par rapport au Labour sur certaines intentions de vote. La progression de Reform UK, dirigé par Nigel Farage, a été liée par plusieurs analystes à la mobilisation de l'électorat autour des questions migratoires.
Discours et positionnement de Keir Starmer
Keir Starmer a appelé le parti à affronter Reform UK et annoncé que les prochaines élections législatives constituaient, selon lui, un choix entre le projet qu'il défend et celui de ses adversaires. Il a critiqué les propositions de Reform UK concernant les titres de séjour, qualifiant leur projet de modification du statut des migrants de "raciste" et "immoral".
Starmer devait s'exprimer devant les militants au cours de la séance suivante du congrès, présentée comme une étape importante pour détailler sa vision et tenter d'inverser la tendance des enquêtes d'opinion.
Tensions internes et évènements récents
Depuis son arrivée au pouvoir quinze mois plus tôt, le Premier ministre a fait face à plusieurs problèmes politiques au sein de son gouvernement: la démission de sa vice-Première ministre Angela Rayner à la suite d'une affaire fiscale, le départ de plusieurs conseillers, et le limogeage de l'ambassadeur britannique aux États-Unis, Peter Mandelson, en lien avec des révélations sur ses relations avec Jeffrey Epstein.
Au congrès, des délégués de la base du parti ont exprimé leur mécontentement, et des manifestations ont eu lieu à l'extérieur du centre de conférences contre certaines décisions gouvernementales, notamment la classification de Palestine Action comme organisation "terroriste". La police a procédé à des arrestations lors de ces rassemblements.
Soutiens externes et enjeux diplomatiques
Le Premier ministre australien Anthony Albanese est intervenu lors de l'ouverture du congrès pour apporter son soutien à Keir Starmer, estimant que le gouvernement devait assumer des décisions difficiles. Le gouvernement britannique a en outre affiché des actions diplomatiques et de coopération internationale récentes, notamment en matière de soutien à l'Ukraine et de rapprochement avec l'Union européenne sur certains dossiers, dont la mobilité des jeunes travailleurs.
Politiques nationales contestées
Sur le plan intérieur, plusieurs mesures envisagées par l'exécutif ont fait l'objet de critiques et de reculs: une réforme des aides sociales annoncée au printemps a été finalement abandonnée après une fronde interne, et le gel d'aides au chauffage pour certains retraités a suscité des réactions. Le discours de fermeté sur l'immigration porté par le gouvernement rencontre des réserves au sein d'une partie du Labour.
La ministre de l'Intérieur, Shabana Mahmood, a indiqué son intention de durcir les conditions d'obtention d'un titre de séjour permanent, tandis que la ministre des Finances, Rachel Reeves, était attendue au congrès sous la pression des préparatifs budgétaires.
Débat sur la direction du parti et perspectives
Des figures du parti, dont le maire du Grand Manchester Andy Burnham, ont appelé à un débat sur la direction politique du Labour et ont été mentionnées comme possibles candidats à un changement de leadership par certains observateurs. Un vote interne pour choisir le numéro deux du parti, prévu en octobre, a été présenté comme un test de confiance envers la direction en place.
Malgré des enquêtes d'opinion défavorables, le Premier ministre conserve une majorité parlementaire et les dispositifs internes du parti rendent une destitution immédiate peu probable. Des échéances électorales locales sont prévues en mai 2026, et les prochaines élections générales restent calendriquement prévues en 2029, dates évoquées dans les débats politiques.
Conclusion
Le congrès du Parti travailliste a été l'occasion pour Keir Starmer d'énoncer une priorité de lutte contre l'essor de Reform UK et de défendre son projet politique. La manifestation d'opinions divergentes au sein du parti, les tensions sur des dossiers domestiques et les indicateurs d'opinion illustrent les défis auxquels le gouvernement est confronté dans la période qui a suivi son accession au pouvoir.