Contexte
Le gouvernement allemand a annoncé l'adoption par le cabinet d'un texte visant à autoriser la police fédérale à neutraliser des drones identifiés comme présentant un danger pour la sécurité publique ou des infrastructures sensibles. La mesure intervient après une série d'intrusions aériennes non identifiées au-dessus de sites en Allemagne et en Europe.
Modifications législatives et compétences
Le ministre de l'Intérieur, Alexander Dobrindt, a présenté des amendements qui précisent que la police peut employer des "mesures physiques" pour intercepter et abattre des drones lorsque d'autres moyens permettent difficilement d'écarter le danger. Le texte adopté par le cabinet doit encore être soumis à l'approbation parlementaire.
Un volet du projet prévoit la création d'un centre de défense anti-drones destiné à coordonner l'action entre la police fédérale et les polices des Länder. Des propositions régionales visent également à étendre les prérogatives des polices locales, notamment en Bavière où un projet de loi prévoit de lever certaines interdictions afin de permettre à des drones policiers d'intercepter d'autres drones.
Moyens techniques autorisés
Le dispositif législatif envisage l'utilisation de moyens techniques variés pour neutraliser les drones, comprenant l'interception physique, le brouillage des liaisons de commande, l'emploi de lasers ou d'autres technologies de neutralisation. Le texte précise que la police peut viser le système aérien, son unité de commande ou son lien de contrôle si des mesures alternatives ne permettent pas d'écarter le danger.
Organisation, missions et budget
La police sera chargée de protéger des infrastructures telles que les aéroports, les gares et les institutions fédérales. Le gouvernement a indiqué prévoir un budget « en millions d'euros à trois chiffres », soit un montant minimal annoncé de 100 millions d'euros, sans calendrier détaillé de déploiement, la livraison d'équipements dépendant des capacités de production des industriels concernés.
Le ministre a mentionné des échanges avec des pays disposant d'expérience en matière de défense anti-drones, citant notamment Israël et l'Ukraine, afin d'adapter des solutions opérationnelles et technologiques.
Incidents ayant motivé la décision et données opérationnelles
Des survols de drones non identifiés ont perturbé le trafic à certains aéroports et affecté plusieurs milliers de passagers, entraînant l'annulation et le détournement de vols. Des régions allemandes ont signalé des intrusions répétées d'appareils non identifiés.
Selon des données publiées pour la période de janvier à fin septembre 2025, la Deutsche Flugsicherung (DFS) a enregistré 172 perturbations du trafic aérien liées à des drones, contre 129 sur la même période l'année précédente.
Réactions et enjeux
Plusieurs responsables allemands ont attribué certains survols à des opérations de déstabilisation menées depuis l'étranger, tandis que d'autres observateurs ont souligné la possibilité de lancements depuis l'intérieur de l'Union européenne. Au niveau européen, des discussions ont eu lieu sur la mise en place d'un réseau de détection et de neutralisation des drones à grande échelle.
Les autorités ont également indiqué que l'abattage de drones comporte des risques, notamment dans les zones urbaines densément peuplées et à proximité des aéroports, où la dispersion de débris ou l'absence de détection immédiate peuvent poser des problèmes opérationnels et de sécurité.
Comparaisons internationales
La mesure rapproche l'Allemagne d'autres États européens qui ont récemment étendu les pouvoirs de leurs forces de sécurité pour neutraliser des drones violant leur espace aérien, en intégrant des réponses techniques et juridiques pour faire face à des survols non autorisés.