Contexte et déplacement ministériel
Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, et le ministre de l'Intérieur, Laurent Nuñez, se sont rendus à Marseille à la suite de l'assassinat de Mehdi Kessaci, survenu le 13 novembre. Lors de cette visite, ils ont rencontré des magistrats et des responsables de sécurité pour faire le point sur les réseaux de narcotrafic actifs dans la ville et la région.
Déclarations officielles
Gérald Darmanin a estimé que la menace du narcotrafic était « au moins équivalente à celle du terrorisme » sur le territoire national. Il a indiqué que les activités de la DZ Mafia concernent au moins une dizaine d'autres départements, principalement dans le sud de la France. Le ministre a également évoqué l'ampleur financière de ces organisations, en avançant une estimation de l'argent liquide généré par certaines structures entre 5 et 6 milliards d'euros.
Laurent Nuñez a qualifié l'assassinat de Mehdi Kessaci de « crime d'intimidation » pouvant viser la République et l'État. Les autorités ont considéré que l'acte visait notamment le frère de la victime, Amine Kessaci, engagé dans la lutte contre le trafic de drogue.
Réseaux, arrestations et détentions
Sur la DZ Mafia, les autorités ont fait état d'une trentaine de personnes identifiées comme dirigeantes; la quasi-totalité de ce groupe, soit 27 personnes, serait détenue dans des établissements pénitentiaires français, dont 21 à la maison de sécurité de Vendin-le-Vieil. Des placements dans des quartiers de haute sécurité ont été annoncés pour certains détenus.
Les autorités ont également signalé l'ouverture d'une dizaine d'enquêtes visant des agents soupçonnés de corruption et de transmission d'informations à des organisations criminelles.
Mesures judiciaires et administratives
Une loi dite « narcotrafic » a été adoptée en 2025 pour renforcer les outils judiciaires et opérationnels. Cette réforme prévoit notamment la création d'un parquet national anticriminalité organisée (Pnaco), le renforcement des dispositifs de lutte contre le blanchiment, ainsi que des procédures accélérées pour certaines enquêtes. Des renforts de magistrats et de personnels judiciaires ont été annoncés pour Marseille sans précision chiffrée.
Des mesures de police ciblées, des opérations dites « place nette » sur les points de deal et un dispositif de « villes de sécurité renforcée » dans plusieurs communes ont été lancés pour réduire l'implantation des réseaux.
Données opérationnelles et évolutions récentes
Les opérations de lutte ont entraîné une augmentation des saisies de cocaïne, avec un total déclaré de 53,5 tonnes pour l'année 2024, soit une hausse marquée par rapport à l'année précédente. Des bilans communiqués en 2025 ont fait état de volumes saisis plus élevés sur l'année en cours.
Les autorités ont signalé une augmentation des mises en cause et des actes de violence liés au narcotrafic : homicides et tentatives d'homicide dans de nombreuses communes, accroissement des tirs et des actions d'intimidation, ainsi que une hausse du nombre de blessés par arme à feu.
Dimension territoriale et coopération transfrontalière
Des enquêtes ont établi des liens entre réseaux marseillais et acteurs présents à l'étranger. Des éléments d'investigation ont conduit des responsables judiciaires et municipaux à se rendre en Belgique pour travailler sur des indices d'extension d'activités depuis certains quartiers marseillais vers Anderlecht. Des opérations internationales ont également abouti à des arrestations, y compris des interpellations résultant de coopérations entre polices nationales.
Au niveau européen, une proposition visant à mettre en place un régime de sanctions transversal contre les acteurs de la criminalité organisée, incluant le narcotrafic, a été formulée afin de coordonner les réponses et renforcer les outils de sanction.
Enjeux pour l'appareil répressif
Les autorités ont mis en évidence plusieurs défis : coordination des enquêtes à l'échelle nationale et internationale, lutte contre la corruption au sein des services, isolement des acteurs les plus dangereux en milieu pénitentiaire, et renforcement des capacités judiciaires et policières sur les territoires affectés. Des réformes procédurales et organisationnelles sont en cours pour répondre à ces enjeux.
Éléments supplémentaires observés
Des signaux d'implantation logistique des réseaux ont été relevés le long d'axes de transport et dans des ports de la métropole. Les modes d'organisation et de distribution ont été décrits comme impliquant des équipes de coordination, des canaux d'approvisionnement variés et des relais territoriaux.








