L'économiste en chef de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Alvaro Pereira, a déclaré lors d'un entretien qu'il convenait que la France fasse preuve de « très » grande prudence dans la gestion de ses finances publiques, en invitant à tirer les leçons de la trajectoire budgétaire d'États tels que l'Italie et le Portugal.
Prévisions et observations de l'OCDE
L'OCDE a révisé à la hausse sa prévision de croissance mondiale pour l'année considérée, portant son estimation à 3,2 %, contre 2,9 % lors de ses précédentes prévisions. Pour l'année suivante, l'organisation maintient une prévision de croissance proche de 2,9 %.
Pour la zone euro, l'OCDE anticipe une croissance légèrement supérieure aux prévisions antérieures pour l'année considérée, suivie d'un recul modéré l'année suivante. L'organisation relève également un accroissement de la production industrielle sur les six premiers mois de l'année dans la plupart des économies avancées par rapport au rythme moyen de l'année précédente.
L'OCDE signale par ailleurs des signes de ralentissement de la production depuis le mois d'août dans certains pays, notamment en Corée du Sud, en Allemagne et au Brésil. Sur la consommation, l'organisation observe un ralentissement dans plusieurs grandes économies, dont les États-Unis, la zone euro et la Chine.
Observations sur la France
Alvaro Pereira a estimé que la France doit limiter l'augmentation de son endettement et renforcer la discipline budgétaire. Il a cité l'exemple de pays qui sont revenus à des trajectoires budgétaires plus strictes et a qualifié la situation française d'élément à surveiller dans les prochaines années.
Droits de douane et effets sur l'économie mondiale
L'OCDE met en relation la conjoncture mondiale avec les modifications des droits de douane. L'organisation estime que l'anticipation de droits de douane plus élevés a influé sur la production et les échanges de biens. Elle note que, dans un premier temps, les entreprises ont absorbé une partie des hausses de coûts en répercutant seulement partiellement ces majorations sur leurs prix, ce qui explique que les effets pleins ne se soient pas encore manifestés.
L'OCDE calcule que le taux effectif des droits de douane appliqués sur les marchandises arrivant sur le marché américain a augmenté pour atteindre 19,5 %, un niveau qu'elle indique comme le plus élevé depuis 1933.
Anticipations d'inflation et autres risques
L'institution anticipe une inflation légèrement plus élevée dans certaines zones, en particulier aux États-Unis, et signale des pressions à la hausse sur les prix alimentaires dans des pays tels que le Japon et l'Afrique du Sud. Parmi les facteurs de risque identifiés figurent de nouvelles hausses des droits de douane, des tensions sur les taux d'emprunt et l'aggravation des niveaux d'endettement dans plusieurs régions.
Changement de fonction de l'économiste
Alvaro Pereira, qui a exercé les fonctions d'économiste en chef de l'OCDE, a été nommé gouverneur de la Banque du Portugal et quittera prochainement l'institution de Paris.