Résumé
Un salon dédié aux technologies militaires s'est tenu à Lviv pendant deux jours en septembre 2025. L'événement avait pour objectif de présenter les développements technologiques ukrainiens en matière de défense et d'attirer des investissements étrangers.
Contexte et objectifs du salon
Le salon, organisé par la plateforme gouvernementale Brave1, a réuni responsables politiques, acteurs de l'armement et entreprises technologiques. Les organisateurs ont présenté l'exposition comme une vitrine des capacités industrielles ukrainiennes et un moyen de solliciter des fonds étrangers pour développer un pôle technologique de défense souvent qualifié de « Silicon Valley » militaire.
Plusieurs intervenants ont lié l'intérêt pour ces technologies à des incidents récents impliquant des drones transfrontaliers, notamment l'intrusion d'une vingtaine de drones dans l'espace aérien polonais dans la nuit du 9 au 10 septembre 2025, événement suivi de déclarations contradictoires entre la Pologne et la Russie.
Technologies présentées et pratiques industrielles
L'exposition comprenait des drones civils et militaires, des drones d'interception, des systèmes de brouillage électronique, et des véhicules téléopérés conçus pour le ravitaillement et l'évacuation. Des démonstrations montraient des techniques de reconversion de technologies civiles à des usages militaires, notamment l'adaptation de petits drones civils pour lâcher des charges explosives.
Des systèmes intégrant l'intelligence artificielle (IA) ont été montrés, y compris des solutions de pilotage ou d'assistance pour drones. Des entreprises locales ont exposé les modalités d'assemblage et d'intégration logicielle.
Capacités de défense contre les drones
Selon une analyse de l'AFP basée sur des données de l'armée de l'air ukrainienne, plus de 80 % des drones russes engagés contre des objectifs ukrainiens sont interceptés ou abattus par des moyens variés développés par Kyiv. Les autorités et certains observateurs ont estimé que des réponses employant des avions de chasse et des missiles pour neutraliser des drones peuvent être coûteuses et inadaptées à grande échelle. Le commissaire européen à la Défense, Andrius Kubilius, a déclaré que l'OTAN ne disposait pas des mêmes capacités que l'Ukraine pour lutter contre des attaques massives de drones.
Financements annoncés et montants évoqués
Lors du salon, les organisateurs ont indiqué que des entreprises étrangères manifestaient l'intention d'investir un montant supérieur à 100 millions de dollars dans les technologies de défense ukrainiennes. La société Swarmer a déclaré avoir obtenu un financement de 15 millions de dollars de la part d'investisseurs américains.
Plusieurs participants ont toutefois qualifié les investissements étrangers actuels de limités par rapport aux besoins exprimés par des responsables ukrainiens, qui soulignent l'ampleur des dépenses courantes liées au conflit.
Obstacles à l'investissement et réponses proposées
Les entreprises présentes ont signalé des obstacles bureaucratiques, des réglementations restrictives et des contraintes d'exportation liées aux pénuries, qui compliquent les flux d'investissement et la coopération industrielle. Des responsables ukrainiens ont proposé des solutions de coproduction à l'étranger ; un accord de coproduction au Danemark et des transferts partiels de production par plus de vingt-cinq entreprises étrangères ont été annoncés.
Les acteurs ukrainiens ont également évoqué l'intérêt de montages d'investissement conjoints et d'implantations partielles sur le territoire ukrainien pour contourner certaines contraintes.
Témoignages et analyses des acteurs
Plusieurs dirigeants et responsables de la filière ont commenté la situation depuis la perspective industrielle et financière. Iaroslav Ajniouk, PDG d'une entreprise produisant des systèmes d'IA pour drones, a appelé à une accélération des investissements occidentaux. Thomas Moreau, représentant du GICAT en Ukraine, a décrit le salon comme un point de rencontre pour les acteurs de la « tech-défense ».
Oleksandr Iarmak, commandant de l'unité Nemesis, a souligné la disponibilité limitée des soldats pour partager leur expérience au regard des opérations quotidiennes.
État actuel et perspectives
Les exposants ont estimé être « en phase d'apprentissage » pour structurer l'attraction de capitaux et le développement de capacités industrielles. Les annonces de financement et les accords de coproduction doivent encore se traduire par des flux d'investissement effectifs et par des dispositifs de production et d'exportation adaptés. Les responsables ukrainiens cherchent à accroître la capacité de fabrication locale tout en développant des partenariats internationaux pour répondre aux besoins opérationnels.