De nombreux fumeurs estiment que la cigarette réduit le stress ou l'anxiété. Cette affirmation est discutée par des spécialistes en addictologie, dont le Dr Guillaume Airagnes, qui distinguent l'effet perçu de la cigarette et ses mécanismes physiologiques.
Mécanismes de la dépendance et symptômes de sevrage
La nicotine est une substance à fort potentiel addictif. Chez les personnes dépendantes, des symptômes de manque peuvent apparaître rapidement entre deux consommations. Ces symptômes incluent la tension, la nervosité, l'irritabilité, l'anxiété et des troubles du sommeil. La consommation de tabac entraîne une disparition brève de ces symptômes, ce qui est perçu comme une détente. Cette disparition correspond à la levée transitoire du manque et non à un effet anxiolytique direct de la nicotine.
La répétition de ce schéma entretient un cycle de dépendance : l'alternance entre l'apparition du manque et le soulagement transitoire renforce la consommation et la perception que la cigarette calme.
Effets sur l'anxiété et la dépression
Les données cliniques et épidémiologiques font état de relations bidirectionnelles entre le tabagisme et les symptômes anxieux ou dépressifs. Une partie de la littérature décrit des effets dits « dépressogènes » attribués, en partie, au tabagisme, et une association entre le tabagisme et une augmentation du risque de dépression.
Certaines études suggèrent qu'une vulnérabilité génétique à la dépression peut favoriser l'initiation ou la persistance du tabagisme, tandis que des approches comme la randomisation mendélienne ont mis en évidence des éléments en faveur d'un effet causal du tabagisme sur la dépression.
Preuves et références empiriques
Une étude de randomisation mendélienne publiée en 2020 a fourni des preuves suggérant un effet causal du tabagisme sur le risque de dépression. Des analyses prospectives ont également examiné la dépendance à la nicotine en lien avec l'apparition ultérieure de troubles psychiatriques.
Globalement, ces résultats soutiennent l'hypothèse selon laquelle l'arrêt du tabac peut contribuer, à terme, à une amélioration des symptômes anxieux et dépressifs chez les personnes concernées.
Accompagnement et options de sevrage
Pour limiter les manifestations de sevrage (stress, irritabilité, anxiété) lors de l'arrêt du tabac, plusieurs options pharmacologiques et non pharmacologiques sont disponibles. Les traitements de substitution nicotinique (patchs, gommes, pastilles) visent à stabiliser les apports en nicotine et à prévenir les symptômes de manque. La cigarette électronique est parfois utilisée comme outil de réduction des risques pour certains patients, et des traitements médicamenteux comme la varénicline peuvent être proposés.
L'accompagnement médical et psychologique est recommandé pour adapter les modalités de sevrage aux besoins individuels et pour gérer les manifestations anxieuses temporaires liées au sevrage.
Considérations pour les personnes souffrant de troubles mentaux
La présence d'un trouble anxieux, dépressif ou d'autres troubles psychiatriques ne constitue pas en soi une contre-indication au sevrage tabagique. Les données disponibles indiquent que, dans ces populations, l'arrêt du tabac n'aggrave pas systématiquement les troubles mentaux et peut être associé à une atténuation des symptômes. Par conséquent, la présence d'un trouble mental doit inciter à proposer une prise en charge proactive et adaptée pour le sevrage.








