Contexte politique en Mongolie
La Mongolie, un vaste pays enclavé entre la Chine et la Russie, est peuplée de seulement 3,4 millions d'habitants. Bien qu'elle dispose de ressources naturelles abondantes, le pays est confronté à une corruption endémique. Celle-ci est perçue comme une gangrène des institutions, avec des richesses issues principalement de l'exploitation minière, notamment du charbon, profitant à une élite politique et économique restreinte plutôt qu'à la population dans son ensemble.
Les raisons de la démission
Le Premier ministre mongol, Luvsannamsrain Oyun-Erdene, a démissionné le 3 juin 2025, à la suite d'une motion de censure approuvée par le Parlement. Cette démission fait suite à des semaines de manifestations à Oulan-Bator, la capitale, où la population a exprimé son mécontentement face à la corruption présumée du gouvernement. Les révélations concernant les dépenses exagérées du fils du Premier ministre ont catalysé ces manifestations.
Lors du vote à bulletin secret qui s'est tenu au Parlement, Oyun-Erdene n'a obtenu que 44 votes en sa faveur contre 38 opposés, un score bien en deçà des 64 votes requis pour maintenir sa position. En conséquence, il a été contraint d'annoncer sa démission, affirmant qu'il était un "honneur de servir son pays et son peuple".
Conséquences économiques et politiques
La chute d'Oyun-Erdene intervient dans un contexte de croissance économique fragile, marqué par des préoccupations concernant les perspectives économiques et la hausse du coût de la vie. Les manifestations, souvent menées par de jeunes activistes, reflètent une société en quête de réforme et de transparence dans la gouvernance.
Sur le plan politique, la démission pourrait entraîner un retour au factionnalisme au sein du Parti du peuple mongol (PPM), qui avait déjà perdu une partie de sa majorité suite aux dernières élections. Le PPM avait récemment écarté le Parti démocrate de la coalition gouvernementale après que certains de ses membres aient soutenu les appels à la démission du Premier ministre.
Perspectives d'avenir
Selon Julian Dierkes, de l'Université de Mannheim, bien que le changement de chef de gouvernement puisse renforcer les tendances factionnelles au sein du PPM, il y a peu de chances que le nouveau Premier ministre soit en mesure de différencier significativement ses politiques, notamment en ce qui concerne la lutte contre la corruption.
Les manifestations prévues pour manifester ce mardi démontrent une société divisée mais active. D'un côté, une jeunesse déterminée à initier des réformes sociales et économiques, et de l'autre, des partisans plus âgés soutenant le gouvernement sortant. La situation en Mongolie reste donc incertaine, alors que le pays cherche à affronter ses défis économiques et institutionnels persistants.