Contexte historique
Entre 1945 et 1971, le Cameroun, alors placé sous tutelle française, est confronté à une insurrection portée notamment par l’Union des populations du Cameroun (UPC). D’abord qualifiées de « maintien de l’ordre », les opérations conduites par les autorités coloniales françaises évoluent vers un conflit armé caractérisé par des arrestations massives, des déplacements forcés, des exécutions et des violences contre des civils. La répression culmine dans les années 1950 et au début des années 1960 et se poursuit au-delà de l’indépendance du Cameroun, proclamée en 1960, avec l’appui des autorités françaises aux nouvelles institutions du pays.
Une reconnaissance officielle
Le 30 juillet 2025, dans une lettre adressée au président camerounais Paul Biya et rendue publique en août, le président français Emmanuel Macron reconnaît officiellement que la France a mené une « guerre » au Cameroun contre des mouvements insurrectionnels avant et après 1960. Cette position s’appuie sur les conclusions d’une commission mixte franco-camerounaise dont le rapport, remis en janvier 2025, exploite des archives et des témoignages.
Bilan humain et faits documentés
Le rapport remis aux autorités française et camerounaise estime à plusieurs dizaines de milliers le nombre de victimes, sans pouvoir fixer un total précis des civils affectés. Il documente des violences spécifiques, notamment à l’encontre des femmes, et mentionne des épisodes précis tels que l’événement d’Ekité du 31 décembre 1956, ainsi que les décès de plusieurs figures indépendantistes lors d’opérations sous commandement français. L’ensemble suggère une continuité répressive après 1960, sans rupture nette avec la période coloniale.
Archives et travail de mémoire
Assumant la responsabilité de la France dans ces événements, Emmanuel Macron annonce l’ouverture des archives françaises pertinentes afin de favoriser la recherche et la transparence. La poursuite du travail historique est confiée à une commission mixte et à un groupe de travail franco-camerounais chargés d’approfondir la connaissance de la période, d’identifier les mécanismes de la violence et d’éclairer la mémoire collective.
Enjeux diplomatiques et débats
Cette reconnaissance s’inscrit dans une politique mémorielle plus large concernant le passé colonial en Afrique, en écho à d’autres dossiers comme le Rwanda et l’Algérie. Elle vise à contribuer à la réconciliation et à renforcer les relations bilatérales entre la France et le Cameroun. Des débats persistent toutefois au sein des sociétés civile et politique camerounaises sur d’éventuelles mesures complémentaires, notamment des excuses officielles ou des réparations.