Introduction
Un incendie survenu début août 2025 dans le massif des Corbières, dans le département de l'Aude, a parcouru environ 16 000 hectares de végétation et détruit 36 maisons aux alentours de Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse. Des observations locales et des interventions d'experts ont mis en relation la présence de vignes et l'arrêt de la propagation du feu sur certaines portions du territoire.
Contexte de l'incendie
L'incendie s'est déclenché début août 2025 et a affecté une vingtaine de communes et leurs abords. Le Premier ministre, en déplacement le 6 août 2025, a signalé que, pour l'essentiel, les zones plantées en vigne avaient limité la progression du feu, tandis que les secteurs occupés par des taillis, broussailles et garrigues avaient favorisé son extension.
Évolution de la surface viticole dans l'Aude
La surface de vigne dans le département de l'Aude a diminué depuis la fin du XXe siècle. Elle était d'environ 100 000 hectares en 1980 et atteint aujourd'hui environ 60 000 hectares. Cette réduction résulte notamment de campagnes d'arrachage subventionnées par l'État visant à réguler la production viticole.
Politique d'arrachage et étendue des opérations
Pour limiter la surproduction et soutenir les cours, des campagnes d'arrachage ont été mises en œuvre. Dans l'Aude, ces campagnes ont concerné environ 5 000 hectares, dont 2 500 hectares dans le secteur des Corbières. Des acteurs locaux et des experts appellent à une prise en compte du risque incendie dans la gouvernance territoriale et dans l'élaboration des plans locaux d'urbanisme (PLU).
Rôle des vignes dans la propagation des incendies
Plusieurs acteurs locaux et spécialistes ont expliqué que des parcelles de vigne entretenues peuvent freiner la propagation des flammes. La végétation foliaire de la vigne, moins combustible lorsqu'elle est humide, peut jouer un rôle d'écran entre zones boisées ou broussailleuses et zones habitées. À l'inverse, des parcelles récemment arrachées ou laissées en friche peuvent favoriser la reprise de broussailles et accroître la continuité du combustible, ce qui facilite le passage du feu d'un massif à l'autre.
Le chef du service Feux de forêt du Sdis de l'Aude a souligné deux effets associés à la disparition des vignes : l'augmentation des discontinuités viticoles permettant au feu de parcourir de plus grandes surfaces et la perte des ceintures viticoles qui, jusque dans les années 1980, entouraient de nombreuses zones urbaines et rurales et protégeaient les habitations.
Initiatives et propositions
Des initiatives locales ont visé à préserver ou recréer des ceintures de vignes à des fins de protection, par exemple une action subventionnée par la commune de Banyuls (Pyrénées-Orientales) visant à établir des bandes de vigne pour former un écran face aux flammes sur des parcelles surplombant la commune. Des spécialistes recommandent l'intégration du risque incendie dans la planification territoriale et la définition d'actions opérationnelles ciblées, notamment le maintien de surfaces viticoles dans des zones stratégiques.
Témoignages et observations locales
Des habitants et responsables locaux ont rapporté des cas où la présence de vignes a limité la propagation du feu et contribué à la protection de bâtiments. Des exploitants viticoles et représentants agricoles ont également appelé au maintien et, le cas échéant, à la réimplantation de vignes sur des secteurs jugés stratégiques pour la prévention du risque incendie.
Conclusion
Les observations liées à l'incendie des Corbières ont relancé les débats sur la gestion des espaces agricoles et sur la prise en compte du risque incendie dans les politiques d'arrachage et d'aménagement. Des acteurs locaux, des services de lutte contre les feux et des spécialistes du secteur viticole préconisent d'intégrer la dimension de prévention des incendies dans la gouvernance territoriale lorsque des opérations d'arrachage ou des projets d'aménagement sont envisagés.