Contexte et annonce officielle
Le Premier ministre canadien, Mark Carney, a déclaré l'intention du Canada de reconnaître officiellement l'État de Palestine lors de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations unies, prévue en septembre à New York. Cette décision, annoncée en conférence de presse, inscrit le Canada aux côtés de la France, du Royaume-Uni et du Portugal, qui ont exprimé une intention similaire.
Motivations et conditions
Le gouvernement canadien affirme que cette initiative s'appuie sur son engagement de longue date en faveur d'une solution à deux États au conflit israélo-palestinien. Mark Carney a déclaré que l'évolution de la situation à Gaza et dans les Territoires palestiniens, notamment le niveau de souffrance humaine signalé, l'expansion des colonies israéliennes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, ainsi que la dégradation de la viabilité d'une solution négociée, rendent ce changement de politique nécessaire.
La reconnaissance prévue de l'État de Palestine est conditionnée à plusieurs éléments : l'organisation d'élections générales par l'Autorité palestinienne en 2026, l'engagement à ne pas militariser l'État palestinien et l'exclusion du Hamas de tout rôle gouvernemental. Selon la déclaration canadienne, ces réformes ont été acceptées ou promises par le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.
Réactions internationales
L'annonce canadienne a suscité diverses réactions internationales. Le président palestinien a salué cette position et rappelé l'engagement de son administration à mettre en œuvre les conditions requises. La France et le Royaume-Uni ont exprimé leur soutien à la démarche canadienne, soulignant le souhait d'une dynamique collective en faveur de la reconnaissance de la Palestine au sein de la communauté internationale. Le Premier ministre britannique a néanmoins précisé que la reconnaissance par le Royaume-Uni dépendrait d'une série d'engagements de la part d'Israël, dont un cessez-le-feu à Gaza.
Israël a condamné la décision du Canada, la qualifiant de « campagne de pression internationale déformée » susceptible de renforcer la position du Hamas et d'entraver les négociations en cours. Le ministère israélien des Affaires étrangères a également exprimé son opposition, estimant que cela porterait préjudice aux efforts visant à obtenir un cessez-le-feu à Gaza et à la libération des otages.
Aux États-Unis, le président américain a réagi en soulignant que cette décision risquait de rendre difficile l'aboutissement d'accords commerciaux entre les deux pays. L'Allemagne, historiquement alliée d'Israël, a exprimé son inquiétude concernant l'isolement diplomatique croissant d'Israël.
Situation humanitaire et contexte régional
La déclaration canadienne intervient dans un contexte de crise humanitaire à Gaza, alors que des organismes internationaux de surveillance de la faim signalent un risque élevé de famine, une malnutrition aiguë et des difficultés pour l'acheminement de l'aide humanitaire. Les hostilités en cours à Gaza, issues de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 et de la riposte israélienne, ont contribué à la dégradation de la situation.
Parallèlement, d'autres pays, dont le Portugal, ont fait savoir qu'ils envisageaient à leur tour la reconnaissance de l'État de Palestine, souvent sous conditions similaires à celles énumérées par le Canada. La France et l'Arabie saoudite ont co-organisé récemment une conférence à l'ONU afin d'encourager la solution à deux États.
Cadre international et perspectives
Avec l'annonce du Canada, au moins trois membres du G7 manifestent leur intention de reconnaître l'État de Palestine lors de la prochaine session de l'ONU. Plusieurs pays, dont la Chine et la Russie, ont déjà formellement reconnu la Palestine. Les États-Unis restent, parmi les membres permanents du Conseil de sécurité, opposés à une telle reconnaissance, ce qui empêche l'admission de la Palestine comme État membre de l'ONU.
La reconnaissance conditionnelle de la Palestine par le Canada s'inscrit dans une dynamique internationale marquée par la multiplication des conférences et appels collectifs en faveur de la solution à deux États, malgré des divergences persistantes entre les différentes parties et la communauté internationale sur les modalités d'une résolution durable du conflit.