Contexte historique
Après la guerre civile libanaise (1975-1990), le Hezbollah est demeuré la seule organisation armée à conserver ses armes au nom de la « résistance » contre Israël, qui avait occupé le sud du Liban jusqu'en 2000. Ce maintien d'un arsenal a contribué à faire du Hezbollah un acteur influent dans la politique libanaise et régionale, soutenu notamment par l'Iran.
Evolution récente et décision gouvernementale
À la suite de plus d'un an de conflit entre le Hezbollah et Israël, un cessez-le-feu a été établi le 27 novembre 2024, sous médiation américaine. L'accord de cessez-le-feu stipule que seuls six organismes militaires et sécuritaires libanais sont autorisés à porter des armes. Dans ce contexte, le gouvernement libanais a chargé, lors d'une réunion du Conseil des ministres, l'armée d'élaborer un plan de désarmement du Hezbollah et des autres milices, avec pour objectif que toutes les armes soient détenues exclusivement par l'État et ses services de sécurité d'ici la fin de l'année 2025. Ce plan d'action doit être présenté au Conseil des ministres avant le 31 août pour examen et adoption.
Réactions et enjeux politiques
La décision a suscité des réactions marquées au sein du paysage politique libanais. Deux ministres proches du Hezbollah et du mouvement chiite Amal ont quitté la séance du Conseil des ministres pour manifester leur opposition à la mesure. Le Hezbollah, par la voix de ses dirigeants, a rejeté la décision en la qualifiant de "faute grave" et en estimant qu'elle portait atteinte à la souveraineté du Liban, tout en accordant un avantage stratégique à Israël. Le mouvement a annoncé son intention d'ignorer cette décision et a conditionné tout éventuel désarmement à la satisfaction de plusieurs revendications, dont le retrait israélien de certaines positions au sud du Liban et la reconstruction des zones touchées.
Israël, de son côté, accuse le Hezbollah de reconstituer ses infrastructures militaires malgré le cessez-le-feu et a déclaré sa volonté de maintenir ses opérations tant que le désarmement ne sera pas effectif. Des experts estiment qu'il existe un risque d'impasse diplomatique si un compromis n'est pas trouvé rapidement.
Perspectives
Le gouvernement libanais, appuyé par la communauté internationale, s'efforce de centraliser la détention des armes au sein de l'État pour renforcer l'autorité nationale et satisfaire les conditions du cessez-le-feu. Toutefois, le refus du Hezbollah d'adhérer sans contrepartie, couplé aux tensions persistantes avec Israël, place le Liban devant une période d'incertitude politique et sécuritaire, dont l'évolution dépendra des négociations en cours et de la situation régionale.