Introduction
Le plan Mattei est une initiative lancée par la cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, visant à limiter l'émigration africaine vers l'Europe en stimulant le développement économique de l'Afrique. Soutenu par l'Union européenne, ce plan est présenté comme une démarche pour renforcer l'influence économique et stratégique de l'Italie en Afrique tout en traitant les causes profondes de l'émigration.
Contexte et Objectifs
Le plan tire son nom d'Enrico Mattei, fondateur du géant pétrolier ENI, qui a historiquement établi des relations plus équitables avec les pays producteurs d'hydrocarbures. Ce projet a été annoncé peu après l'élection de Giorgia Meloni en 2022, avec pour ambition déclarée d'aider les économies africaines à se développer, réduisant par là-même l'émigration illégale vers l'Italie. L'initiative vise également à renforcer les relations commerciales avec le continent, notamment dans les secteurs de l'énergie et des matières premières.
Financements et Projets
Le plan Mattei prévoit un investissement potentiel de 5,5 milliards d'euros, répartis sur 14 pays africains. Cependant, selon un rapport, moins de 2 milliards d'euros ont déjà été affectés à des projets spécifiques. Il est projeté que ces fonds soient déployés sous forme de dons, prêts ou garanties, axés sur l'énergie, les matières premières, l'éducation, la santé, et l'accès à l'eau.
Certains projets majeurs incluent le financement d'une ligne ferroviaire entre la Zambie et l'Angola et un investissement de 65 millions d'euros dans la production de biocarburants au Kenya. Ces efforts coïncident avec l'espoir de convergence avec la stratégie "Global Gateway" de l'UE, qui cherche à rivaliser avec les nouvelles routes de la soie chinoises.
Réactions et Critiques
Le plan a été accueilli avec un soutien mitigé. Tout en saluant son ambition, certains leaders africains, tel que Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l'Union Africaine, ont mis en garde concernant la réalisation effective des promesses économiques. Le président kényan William Ruto a également noté que l'investissement seul ne suffisait pas à surmonter les obstacles économiques structurels, y compris la dette.
Des observateurs européens et africains, tels que Giovanni Carbone de l'Institut pour les études de politique internationale, ont exprimé des réserves concernant la faisabilité à long terme, soulignant que les financements disponibles pourraient ne pas suffire pour provoquer un impact significatif sur les flux migratoires.
Des critiques ont aussi été émises concernant la focalisation perçue du plan sur l'exportation des matières premières, avec des craintes que les bénéficies restent limités pour les pays producteurs. L'ONG ReCommon a averti que ces mesures pourraient principalement profiter aux grandes entreprises italiennes impliquées, comme ENI et le groupe agro-industriel Bonifiche Ferraresi, plutôt qu'aux populations locales.
Conclusion
Le "Plan Mattei" illustre une approche ambitieuse de Giorgia Meloni pour redéfinir l'influence italienne en Afrique à travers des investissements significatifs, avec l'objectif d'atténuer les causes de l'émigration. Cependant, ses succès dépendent largement de la mise en œuvre efficace et équitable des projets sur le terrain, et de la gestion des attentes par rapport aux résultats qu'il peut offrir.