Contexte
Le M23 est un mouvement armé actif dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC). Le groupe a lancé plusieurs offensives dans la région, prenant notamment le contrôle de plusieurs villes de l'est congolais. La région est frontalière du Rwanda et du Burundi et fait l'objet de processus de paix distincts, notamment ceux de Washington et de Doha.
Offensive et prise d'Uvira
Selon des communiqués du mouvement et des rapports locaux, le M23 a lancé en début décembre une offensive dans la province du Sud-Kivu. Le groupe a pris le contrôle de la ville d'Uvira le 10 décembre. Uvira est située au bord du lac Tanganyika et à la frontière avec le Burundi ; sa prise a été décrite comme stratégique en raison du contrôle des passages frontaliers et des voies d'accès vers les provinces méridionales.
Annonce de retrait et demandes formulées
Le dirigeant de la branche politique du M23, Corneille Nangaa, a déclaré dans un communiqué que le mouvement retirerait unilatéralement ses forces d'Uvira « comme l'a demandé la médiation américaine ». Le communiqué n'a pas précisé de calendrier pour ce retrait. Le M23 a appelé les garants du processus de paix à mettre en place des mesures pour la gestion de la ville, en citant la démilitarisation, la protection de la population et des infrastructures, ainsi que le déploiement d'une force qualifiée de neutre pour surveiller le cessez-le-feu.
Le mouvement a également évoqué le processus de paix de Doha, conduit par le Qatar, en indiquant vouloir prendre une mesure unilatérale destinée à instaurer la confiance afin de favoriser ce processus.
Réactions et allégations internationales
Les autorités américaines ont qualifié l'offensive du M23 de violation de l'accord de paix signé à Washington entre la RDC et le Rwanda. Des responsables américains ont accusé le Rwanda d'implication militaire dans l'est de la RDC, allégation que Kigali a officiellement niée. Le M23 a nié ses liens avec le Rwanda et a déclaré vouloir renverser le gouvernement congolais.
Des représentants de la société civile d'Uvira ont exprimé des doutes sur la mise en œuvre effective du retrait, estimant qu'il pourrait s'agir d'une annonce sans retrait effectif.
Conséquences humanitaires et militaire
Les affrontements liés à l'offensive d'Uvira ont entraîné des pertes humaines et des déplacements de population. Des organisations non gouvernementales et des agences onusiennes ont fait état de dizaines de morts, d'au moins 100 blessés par balles et de plus de 200 000 personnes déplacées. Le Burundi, qui avait déployé un contingent militaire en soutien aux forces congolaises, a retiré la majorité de ses soldats après l'offensive, tout en maintenant une présence résiduelle dans la province du Sud-Kivu.
Enjeux et revendications
Le contrôle d'Uvira et de la plaine de la Ruzizi offre un accès vers le sud du pays et des régions minières, ce qui a été avancé par des experts pour expliquer l'intérêt stratégique de la ville. Le M23 a déclaré défendre les intérêts de la communauté des Banyamulenge, une composante tutsi de l'est congolais, et a affiché son opposition au gouvernement du président Félix Tshisekedi.








