Contexte
Des manifestations ont débuté à Madagascar le 25 septembre en réaction à des coupures récurrentes d'eau et d'électricité. Le mouvement, baptisé Gen Z, a pris l'initiative des rassemblements et a élargi par la suite ses critiques au gouvernement en place et au président Andry Rajoelina.
Chronologie des faits
À l'origine, les protestations visaient les interruptions d'approvisionnement en eau et en électricité. Elles ont progressivement intégré des revendications politiques plus larges.
Le 1er octobre, le collectif Gen Z a demandé à la fonction publique de se joindre à une grève générale. Le suivi de cet appel n'a pas été clairement établi.
Face à la montée des manifestations, le président a procédé au renvoi de son gouvernement et a nommé un Premier ministre issu des forces armées. Plusieurs ministères du nouvel exécutif ont été confiés à des responsables des armées, de la sécurité publique et de la gendarmerie.
Le mouvement Gen Z a annoncé une grève générale et un rassemblement prévu un jeudi à 09h00 (06h00 GMT) au centre d'Antananarivo, et a boycotté une rencontre organisée par le chef de l'État au palais présidentiel, où des représentants de la société civile et d'autres intervenants ont pris la parole.
Réponses officielles et échanges publics
Lors de la réunion au palais présidentiel, diffusée à la radio et à la télévision, des participants ont exposé des doléances individuelles et collectives. Le président a déclaré qu'il démissionnerait si les coupures d'électricité persistaient à Antananarivo dans un délai d'un an.
La réunion a été qualifiée de « simulacre de dialogue » par le mouvement Gen Z, qui a maintenu son boycott.
Revendications du mouvement Gen Z
Le collectif, soutenu par une vingtaine d'organisations, a formulé plusieurs demandes, notamment : des excuses publiques du chef de l'État ; la refondation de la Haute cour constitutionnelle ; et la dissolution totale du Sénat ou, à minima, le départ de son président, Richard Ravalomanana.
Le mouvement a également appelé à des actions de mobilisation sur la place publique et à une grève générale pour amplifier ses demandes.
Manifestations et interventions des forces de l'ordre
Des manifestations ont eu lieu quasi quotidiennement à Antananarivo et dans plusieurs villes de province. Les forces de l'ordre ont eu recours à des moyens de dispersion, notamment des grenades lacrymogènes, entraînant des blessés selon des comptes rendus journalistiques.
Un responsable étudiant présent lors de la rencontre au palais a dénoncé la corruption et décrit des conditions de vie affectant les étudiants, notamment l'absence régulière d'électricité et d'eau.
Bilan humain et évaluations
Selon un bilan établi le 29 septembre par l'ONU, au moins 22 personnes auraient été tuées et plus d'une centaine blessées lors des violences liées aux manifestations ; ce bilan est contesté par les autorités malgaches.
L'organisation ACLED a indiqué que le mois de septembre avait enregistré le deuxième niveau le plus élevé de manifestations à Madagascar depuis le début de ses séries de données en 1997, uniquement devancé par les mouvements survenus avant l'élection présidentielle de 2023.
Situation actuelle et perspectives
La levée de l'ultimatum du mouvement Gen Z, les nominations au sein du nouveau gouvernement et le changement de ton du président constituent des éléments susceptibles d'influer sur la dynamique du mouvement. Le collectif a toutefois maintenu des appels à la mobilisation et à la grève, et la situation reste marquée par des rassemblements et des interventions policières dans plusieurs localités.