Introduction
Une journée de mobilisation nationale des agriculteurs a été organisée le vendredi 26 septembre 2025 à l'appel de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs (JA). Le mouvement s'inscrit dans une séquence de protestations entamée plus tôt en septembre, après l'opération « Bloquons tout » du 10 septembre et une journée de mobilisation syndicale le 18 septembre.
Objectifs et revendications
Les organisateurs ont articulé leurs revendications autour de plusieurs thèmes :
- l'opposition à l'accord de libre‑échange entre l'Union européenne et les pays du Mercosur ;
- la dénonciation d'importations jugées non conformes aux normes européennes ;
- la critique de certaines politiques commerciales et d'arbitrages réglementaires défavorables aux filières nationales ;
- la demande d'une application uniforme des règles et d'un renforcement des contrôles aux frontières et dans les points de vente ;
- l'appel à des mesures d'accompagnement et de soutien pour les filières confrontées à des difficultés économiques.
Des revendications locales ont également été portées selon les départements, concernant notamment des contraintes administratives, la gestion de la ressource en eau, la cohabitation avec la faune sauvage et les indemnisations liées à des crises sanitaires.
Acteurs syndicaux et positions divergentes
La FNSEA et les Jeunes Agriculteurs ont coordonné l'appel national. D'autres organisations agricoles ont adopté des positions variées : certaines fédérations départementales se sont associées aux actions, la Coordination rurale a indiqué qu'elle pourrait soutenir des initiatives locales, tandis que la Confédération paysanne s'est désolidarisée de l'appel national et a annoncé une manifestation distincte le 14 octobre, également axée sur l'opposition à l'accord UE‑Mercosur.
Modalités d'action
Les actions prévues et réalisées ont pris diverses formes :
- opérations d'étiquetage et contrôles de produits dans les grandes et moyennes surfaces ;
- contrôles documentaires et vérifications de la traçabilité des camions de marchandises ;
- convois de tracteurs et opérations escargot sur des axes routiers ;
- rassemblements et manifestations devant les préfectures ou sur des places publiques ;
- actions symboliques sur ronds‑points ;
- demandes de rendez‑vous avec des représentants de l'État (préfets, parlementaires) ;
- actions de promotion ou de distribution de produits locaux.
Les départements et fédérations locales ont disposé d'une marge d'autonomie pour définir leurs modalités d'action, certains choix ayant été influencés par des contraintes saisonnières (vendanges, ensilage) ou sanitaires (épizootie).
Déploiement régional (exemples)
Île‑de‑France : rassemblement annoncé à Versailles, sans blocage routier déclaré, avec la présence de tracteurs et de producteurs exprimant leurs revendications sur les échanges internationaux.
Grand Est : actions dans plusieurs départements, rassemblements devant les préfectures, opérations sur ronds‑points et cortèges de tracteurs ; manifestations signalées en Meurthe‑et‑Moselle.
Occitanie : convois et blocages ponctuels, notamment dans les Pyrénées‑Orientales et la Haute‑Garonne ; ciblage de centrales d'achat et d'enseignes dans l'Hérault.
Centre‑Val de Loire : opérations de bâchage sur ronds‑points, opérations escargot et convois vers les préfectures.
Auvergne‑Rhône‑Alpes : rassemblements devant la préfecture de l'Isère à Grenoble ; actions d'étiquetage dans le Rhône pour les producteurs fruitiers ; certaines manifestations prévues à Lyon ont été annulées en raison d'une épizootie.
Bretagne, Normandie, Hauts‑de‑France, Bourgogne‑Franche‑Comté, Pays de la Loire, Nouvelle‑Aquitaine, Provence‑Alpes‑Côte d'Azur et Corse : actions ponctuelles, opérations en supermarchés, échanges avec le public et avec les autorités locales selon les départements.
Contexte politique et juridique
Le projet d'accord entre l'Union européenne et les pays du Mercosur vise à faciliter les échanges en ouvrant certains marchés. Bruxelles a proposé des garanties sous la forme de clauses de sauvegarde que plusieurs acteurs nationaux souhaitent examiner. Le texte doit être approuvé par les États membres et par le Parlement européen.
Au niveau national, une proposition de résolution signée par plus d'une centaine de députés a demandé à l'État français de saisir la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) pour évaluer la conformité du projet avec des obligations européennes en matière environnementale et sanitaire.
Crises sanitaires et impacts
La mobilisation a été marquée par des inquiétudes liées à des épizooties, notamment la dermatose nodulaire contagieuse. Cette situation a conduit à l'annulation ou à l'adaptation de certaines actions et a renforcé les demandes portant sur les contrôles, les indemnisations et les conditions de circulation des animaux.
Perspectives
Les organisateurs nationaux n'excluent pas de nouvelles journées d'action selon l'évolution des dossiers. La Confédération paysanne a confirmé sa manifestation distincte le 14 octobre. Des demandes de rendez‑vous avec des autorités locales et nationales ont été formulées pour obtenir des réponses sur la souveraineté alimentaire, les normes d'importation et les dispositifs d'accompagnement des filières.
Conclusion
La mobilisation du 26 septembre 2025 a rassemblé des actions hétérogènes, organisées au niveau départemental et régional, autour d'une plateforme de revendications centrée sur les échanges internationaux, la traçabilité, l'uniformité des règles et le soutien aux filières en difficulté. Les initiatives ont pris des formes variées, allant d'actions d'information dans les points de vente à des rassemblements et à des convois de tracteurs, certains ajustements ayant été rendus nécessaires par des contraintes locales et sanitaires.