Mise en examen et cadre judiciaire
Quatre policiers ont été mis en examen en mars et avril pour « violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner par personne dépositaire de l’autorité publique », selon le parquet de Bobigny. Deux autres policiers ont été placés sous le statut de témoin assisté. L’information judiciaire porte sur le décès de Kyllian Samathi, 30 ans, survenu après son interpellation à Montfermeil (Seine-Saint-Denis) début janvier 2024.
Déroulé de l’intervention du 4 janvier 2024
Peu après minuit, les forces de l’ordre interviennent dans une épicerie où travaillait Kyllian Samathi. Dans un communiqué, le procureur de Bobigny le décrit dans un « état de surexcitation » et faisant preuve « d’agressivité ». Selon les procès-verbaux cités par le parquet, l’intéressé aurait opposé une forte résistance, tenté de s’emparer de l’arme d’un policier, saisi une bouteille susceptible d’être lancée et porté des coups. Il aurait fait chuter un agent et mordu un policier au doigt, provoquant une fracture.
Au cours de l’interpellation, six des dix-huit fonctionnaires présents ont recouru à un pistolet à impulsion électrique (PIE, communément appelé Taser), pour un total d’environ douze décharges. Kyllian Samathi a fait deux arrêts cardio-respiratoires, a été hospitalisé dans le coma, puis est décédé à l’hôpital le lendemain des faits. Né en Martinique le 1er janvier 1994, il résidait en Seine-Saint-Denis.
Expertises médico-légales et positions des parties
Selon une source judiciaire, « le rapport médico-légal établit un lien entre l’usage répété du Taser et le décès ». La défense conteste cette lecture : l’avocate Angélique Peretti soutient qu’une expertise demandée par les magistrats a « clairement démontré » que l’usage des PIE n’aurait eu qu’un lien indirect avec le mécanisme du décès. Une autre avocate de la défense, Pauline Ragot, affirme que le Taser, qualifié d’« arme intermédiaire », a été utilisé « avec discernement » et en riposte à un danger perçu pour l’intégrité des policiers et des tiers.
Le PIE projette deux aiguillons reliés par des filins, délivrant une décharge électrique destinée à neutraliser temporairement une personne.
Témoignages et points de controverse
Au lendemain du décès, des témoins ont affirmé à l’AFP que Kyllian Samathi avait été « tabassé » et que la première patrouille intervenue, de la brigade anticriminalité (BAC), serait intervenue de sa propre initiative, en contradiction avec un premier récit des faits. Sollicité, l’avocat de la famille n’a pas souhaité faire de déclaration.
Suites et contexte local
Selon le parquet de Bobigny, six policiers sur dix-huit ont utilisé le PIE lors de l’interpellation, pour environ douze décharges. Une marche en mémoire de Kyllian Samathi a rassemblé environ 150 personnes le 21 janvier 2024 entre Clichy-sous-Bois et Montfermeil. L’enquête se poursuit pour préciser les circonstances du décès et déterminer les responsabilités pénales éventuelles.