Introduction
Une augmentation du nombre de personnes âgées coupées de leurs réseaux sociaux a été constatée en France. L'association Les Petits Frères des Pauvres, s'appuyant sur une enquête de l'institut CSA réalisée en avril 2025, définit la « mort sociale » comme l'absence ou la quasi-absence de contacts avec quatre cercles de sociabilité : la famille, les amis, le voisinage et les associations.
Méthodologie et chiffres clés
L'enquête, menée tous les quatre ans depuis 2017 auprès des personnes de plus de 60 ans, fournit plusieurs chiffres significatifs. Elle estime que 750 000 personnes âgées se trouvent en situation de « mort sociale », soit 4 % des 18 millions de personnes concernées. Le nombre de cas a augmenté de 150 % depuis 2017 et de 42 % par rapport au baromètre de 2021.
Parmi les autres éléments relevés : environ 2 millions de seniors sont isolés des cercles familiaux et amicaux (+120 % depuis 2017) ; 1,5 million déclarent ne jamais ou quasiment jamais voir leurs enfants et petits‑enfants (contre 470 000 en 2017). L'enquête recense également 3,2 millions de personnes âgées sans enfants ni petits‑enfants, 1,1 million avec peu ou pas de lien amical, et 2,7 millions dont les échanges de voisinage restent superficiels.
Facteurs de risque
Plusieurs facteurs corrélés à la « mort sociale » ont été identifiés : l'absence de famille proche, la non‑utilisation d'internet ou une faible connexion numérique, des revenus faibles, la perte d'autonomie ou des problèmes de mobilité, et l'âge avancé, en particulier à partir de 80 ans. L'habitat en milieu rural, caractérisé par un moindre accès aux commerces, aux associations et aux transports, est également mis en avant.
Le baromètre souligne des inégalités sociales marquées : parmi les plus de 60 ans, 9 % de ceux qui gagnent moins de 1 000 euros sont en situation de « mort sociale », contre 1 % parmi ceux qui gagnent plus de 4 500 euros.
Conséquences sanitaires et sociales
L'isolement prolongé est associé à des conséquences sanitaires et sociales mesurables. Le rapport rappelle notamment que le taux de suicide des 85‑94 ans était de 35,2 pour 100 000 en 2022, un niveau supérieur à celui de la population générale. L'isolement contribue aussi à la perte d'autonomie, au mal‑être et à une vulnérabilité accrue face aux problèmes de santé.
La réduction des services locaux — commerces, transports, activités associatives et, dans certains territoires, offres de soins — est signalée comme facteur aggravant de l'isolement, rendant plus difficile le maintien des liens et l'accès aux aides.
Témoignages et illustrations
L'association accompagne des personnes dont les trajectoires illustrent les mécanismes décrits : individus sans enfants, personnes récemment veuves, ou seniors dont les relations se raréfient du fait de la santé déclinante des proches. Ces récits servent à comprendre comment les liens sociaux peuvent se réduire progressivement.
Propositions et réponses politiques
Les acteurs mobilisés proposent plusieurs pistes d'action : mieux chiffrer le coût économique de l'isolement social et l'intégrer aux politiques publiques, investir dans l'adaptation des logements pour préserver l'autonomie, et mobiliser les collectivités territoriales pour soutenir le tissu associatif et les services de proximité. Le développement de réseaux de citoyens volontaires est aussi préconisé, en complément des professionnels de santé et des travailleurs sociaux.
Le réseau Monalisa (Mobilisation nationale contre l'isolement des âgés) est mentionné comme plate‑forme fédératrice de centaines d'organisations et d'équipes citoyennes visant à maintenir le lien social.
Conclusion
Les données de l'enquête indiquent une progression préoccupante du nombre de personnes âgées sans contacts réguliers avec leur entourage et les structures associatives. Les facteurs identifiés sont d'ordre démographique, économique, sanitaire et territorial. Les réponses proposées insistent sur la prévention, l'adaptation des conditions de vie et la mobilisation des ressources locales pour réduire l'isolement des seniors.