Résumé
Un mouvement appelé « Bloquons tout » a lancé un appel à une journée de blocage national le 10 septembre. Le mouvement, né sur les réseaux sociaux, a été soutenu publiquement par plusieurs partis de gauche et par des responsables politiques, tandis que les principales confédérations syndicales ont exprimé des réserves et annoncé des consultations internes pour décider de leur participation.
Origine et revendications
L’appel à « Bloquons tout » est apparu sur les réseaux sociaux et a pris de l’ampleur à la suite de l’annonce par le gouvernement d’un projet de budget comportant, selon le gouvernement, près de 44 milliards d'euros d’économies. Parmi les mesures évoquées figurent la suppression de deux jours fériés, une réforme de l’assurance‑chômage, la monétisation d’une cinquième semaine de congés payés et un gel des pensions et prestations sociales. Le mouvement réclame notamment davantage de justice fiscale et s’oppose à ce projet de budget.
Appel de Jean‑Luc Mélenchon
Jean‑Luc Mélenchon, dirigeant de La France insoumise, a appelé publiquement, fin août, à ce que le 10 septembre soit « un jour de blocage général » et a demandé aux syndicats d’appeler à une grève générale pour donner de l’ampleur à la journée. Il a lié cette mobilisation à un calendrier parlementaire en indiquant son intention, selon ses déclarations, de déposer une motion de censure le 23 septembre.
Position et réactions des syndicats
Les principales confédérations syndicales ont adopté des positions prudentes. Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, a indiqué que si les revendications sociales du mouvement recoupent l’analyse de son organisation, la nature et les contours du mouvement restent « très nébuleux » et la CGT se dit vigilante face aux tentatives d’instrumentalisation, notamment par l’extrême droite. Plusieurs fédérations et instances locales de la CGT ont toutefois d’ores et déjà déclaré leur soutien au mouvement.
Force ouvrière et d’autres organisations ont exprimé des interrogations sur la forme et les objectifs de la journée. Solidaires a prévu de décider prochainement de sa participation. Une intersyndicale (CFDT, CGT, FO, CFE‑CGC, CFTC, Unsa et Solidaires) a été convoquée le 1er septembre pour définir les modalités d’action communes. Des responsables syndicaux ont signalé des discussions internes et des analyses divergentes quant à la volonté de s’associer à une initiative lancée en dehors des cadres syndicaux traditionnels.
Réactions du gouvernement et du patronat
Le Premier ministre François Bayrou a annoncé une conférence de presse le 25 août pour défendre le projet budgétaire et a qualifié l’appel à bloquer le pays d’indéfendable dans un entretien publié fin août. Il a précisé que le montant global des économies visées était « intangible » mais que certaines mesures pouvaient être discutées dans le cadre du débat parlementaire.
Des organisations patronales ont exprimé leur opposition à une journée de blocage. Michel Picon, président de l’U2P (syndicat des entreprises de proximité), a indiqué son inquiétude quant à un paralysie du pays et sa volonté de ne pas s’associer à une initiative visant à « bloquer » l’activité économique, tout en appelant le gouvernement à dialoguer.
Calendrier et conséquences potentielles
Plusieurs secteurs ont annoncé des actions ou tensions sociales à la rentrée : l’interfédérale des taxis a évoqué une mise à l’arrêt à partir du 5 septembre; des actions ont été signalées chez les pharmaciens et d’autres professions face à des mesures sectorielles. Les syndicats et organisations politiques ont indiqué qu’ils poursuivraient leurs décisions dans les jours précédant le 10 septembre, notamment lors de réunions internes et de l’intersyndicale du 1er septembre.
Les déclarations publiques ont également évoqué un calendrier parlementaire distinct, avec la mention d’une motion de censure attendue le 23 septembre selon les représentants de La France insoumise.
Observations
Le mouvement présente une composition hétérogène et des positions divergentes parmi les acteurs sociaux et politiques. Les décisions formelles de participation à la journée du 10 septembre dépendront des délibérations internes aux syndicats et des initiatives locales. Les autorités gouvernementales ont annoncé des démarches de communication et de négociation en vue des débats budgétaires et des consultations sociales.