Contexte
Les ministres de la Justice et de l'Intérieur se sont rendus à Marseille le 20 novembre 2025, à la suite de l'assassinat de Mehdi Kessaci survenu le 13 novembre 2025. La visite comprenait des rencontres avec des magistrats, des responsables de la sécurité des Bouches-du-Rhône et des représentants des forces de l'ordre.
Déplacements et réunions
À la préfecture de police de Marseille, Gérald Darmanin et Laurent Nuñez ont participé à une réunion de travail avec des magistrats, des policiers et des gendarmes. Ils se sont également rendus au centre pénitentiaire des Baumettes et avaient au programme une rencontre avec la famille Kessaci.
Déclarations et mesures annoncées
Gérald Darmanin a qualifié la menace liée au narcotrafic de « au moins équivalente à celle du terrorisme » sur le territoire national et a estimé que les autorités menaient « difficilement » une « bataille très, très dure » contre des organisations criminelles. Il a évoqué des montants d'argent liquide liés à ces réseaux de l'ordre de cinq à six milliards d'euros et a désigné la DZ Mafia comme un réseau présent dans plusieurs départements du sud de la France.
Le ministre a indiqué que, sur « la trentaine de personnes qui dirigent » ce réseau, « la quasi-intégralité d'entre eux, 27 en l'occurrence », étaient détenues en France, dont 21 à la maison de sécurité de Vendin-le-Vieil, et que « quelques autres » seraient placés dans des quartiers de haute sécurité nouvellement créés.
Laurent Nuñez a décrit le dispositif mis en place comme semblable à ceux employés en matière de lutte antiterroriste, en citant un renforcement des échanges d'information, la création d'un état-major et la possibilité de geler administrativement des avoirs. Il a qualifié l'assassinat de « crime qui vise à faire peur » et a indiqué la mise en place de protections pour les personnes menacées.
Renforts, lutte contre la corruption et mesures judiciaires
Les ministres ont annoncé des renforts pour Marseille, notamment des magistrats et des greffiers, sans préciser de chiffres. Gérald Darmanin a signalé l'ouverture d'une dizaine d'enquêtes portant sur des agents susceptibles d'avoir été corrompus et fournissant des informations à des organisations criminelles.
Des dispositifs juridiques issus de la loi dite « narcotrafic » ont été mentionnés comme permettant de renforcer les moyens d'enquête et d'action, y compris des techniques nouvelles de renseignement et des possibilités de gel d'avoirs.
Chiffres et constats opérationnels
Lors de ce déplacement, des éléments chiffrés ont été cités par les responsables : environ 2 000 personnes liées à la « mafia marseillaise » seraient mises en examen et 900 placées en détention provisoire dans le cadre du narcotrafic, selon des déclarations ministérielles. Des chiffres relatifs aux homicides liés au trafic ont été présentés, avec une mention d'une baisse d'environ 30 % (49 homicides en 2023 contre 24 en 2024), selon les autorités présentes.
Le centre pénitentiaire des Baumettes a été signalé pour sa surpopulation carcérale. Une extension dite « Baumettes 3 » a été évoquée pour accroître les capacités du site.
Enquête et suites judiciaires
L'enquête sur l'assassinat de Mehdi Kessaci a été qualifiée par le parquet de meurtre pouvant relever d'un objectif d'intimidation. La saisine de la juridiction nationale de lutte contre le crime organisé a été annoncée pour les suites judiciaires. La procureure chargée du dossier a indiqué, au vu du contexte, que le haut du spectre de la criminalité organisée était considéré comme l'hypothèse la plus probable.
Des propositions ont été évoquées au sein de la magistrature pour renforcer la protection des acteurs judiciaires, notamment par l'anonymisation de certaines procédures impliquant des membres de réseaux organisés.
Réactions publiques et suites attendues
Amine Kessaci, frère de la victime et militant opposé au narcotrafic, a demandé des actions concrètes et a appelé à une mobilisation publique, dont une marche dite « blanche » prévue pour le samedi 22 novembre 2025. Les ministres ont indiqué leur intention de poursuivre le suivi opérationnel de la situation à Marseille, avec des visites régulières pour veiller à la mise en œuvre des dispositifs annoncés.








