Contexte des négociations
Les délégués de 184 pays se sont réunis à Genève sous l'égide de l'Organisation des Nations unies afin de négocier un traité international visant à lutter contre la pollution plastique. Cette session, prévue sur une période de dix jours, intervient après l’échec d’un précédent cycle de discussions à Busan, en Corée du Sud, où des divergences entre certains pays producteurs de pétrole et d’autres délégations avaient empêché un accord.
Enjeux du traité
Le processus de négociation porte sur la rédaction du premier traité mondial juridiquement contraignant concernant la prévention et la gestion de la pollution plastique, qui est considérée comme une crise globale affectant les écosystèmes, la biodiversité, la santé humaine et pesant particulièrement sur les populations vulnérables. Le débat porte notamment sur l’inclusion d’objectifs de réduction de la production et de la consommation de polymères plastiques primaires.
Des groupes de pays, qualifiés d’« ambitieux » et incluant de nombreux États européens, soutiennent l’intégration de tels objectifs dans le traité. En revanche, des pays producteurs de pétrole et l’industrie pétrochimique défendent une approche concentrée sur le traitement et le recyclage des déchets, refusant toute contrainte sur la production primaire.
Points de divergence
Un des débats majeurs concerne la portée du traité. Plusieurs parties souhaitent que le texte couvre l’ensemble du cycle de vie des plastiques, de la production jusqu’au traitement des déchets. Des divergences subsistent, y compris au sein de l’Europe, sur l’opportunité de réduire la production de plastique.
La directrice de l’agence suisse de l’environnement a précisé qu’il n’existe pas d’appel uni à la réduction de la production dans le projet de traité à ce stade, tandis que la direction du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) a souligné l’importance de traiter la pollution plastique tout au long de la vie du matériau.
Pressions externes et société civile
Des scientifiques et des organisations non gouvernementales (ONG) ont communiqué auprès des délégations pour insister sur l'ampleur de l’enjeu sanitaire et environnemental : selon une étude publiée dans la revue « The Lancet », le coût global de la pollution plastique atteindrait au moins 1 500 milliards de dollars par an. Plus de 500 ONG francophones de 40 pays ont écrit pour demander un traité contraignant, équitable et centré sur la réduction de la production plastique.
Points de vue de l’industrie
Les représentants de l’industrie chimique ont mis en avant certains usages du plastique, tels que les équipements médicaux stériles et les emballages alimentaires, qu’ils estiment essentiels pour la santé publique et la sécurité alimentaire.
Initiatives artistiques et médiatisation
Pour illustrer le dialogue autour de la pollution plastique, une installation artistique temporaire intitulée « Le fardeau du Penseur », représentant une version de la statue de Rodin enveloppée de déchets plastiques, a été installée devant le siège de l’ONU à Genève lors des négociations.
Perspectives
La session se déroule dans un contexte de fortes tensions géopolitiques et économiques, rendant les discussions complexes. Les parties s’accordent sur la nécessité d’aboutir à un texte final, notamment pour éviter un nouvel échec, mais des divergences substantielles subsistent quant à la portée et au contenu contraignant du futur traité.