Contexte
Sébastien Lecornu a été nommé Premier ministre le 9 septembre. Dans un entretien publié le 26 septembre dans le quotidien Le Parisien, il a présenté les modalités et les orientations de la formation de son gouvernement ainsi que plusieurs axes de son projet de budget et de ses politiques publiques.
Formation du gouvernement et calendrier
Le Premier ministre a annoncé que la composition du gouvernement serait arrêtée avant le début des travaux parlementaires prévus le 1er octobre. Il a indiqué travailler à cette composition en lien avec le président de la République. Selon ses déclarations, les premières journées de la rentrée parlementaire comprendront le renouvellement des bureaux et des commissions, puis la poursuite des travaux ordinaires.
Il a précisé que les profils des candidats au gouvernement seraient analysés par la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique avant toute nomination. En l'état des déclarations, la nomination serait intervenue avant la reprise formelle des séances de l'Assemblée nationale.
Critères de choix des ministres
Sébastien Lecornu a énoncé plusieurs critères pour les personnes susceptibles d'entrer au gouvernement. Il a affirmé que les futurs ministres devront partager les grandes orientations du socle commun, savoir négocier avec le Parlement, les partenaires sociaux et les collectivités locales, et être prêts à défendre le projet de budget. Il a résumé sa démarche par l'expression « le quoi avant le qui », indiquant que l'adhésion au programme doit précéder la composition.
Il a par ailleurs exclu le débauchage de personnalités issues d'une formation politique qui ne soutiendrait pas le gouvernement, estimant qu'une telle méthode nuirait à la clarté nécessaire pour rechercher des compromis avec les oppositions.
Projet de budget et priorités financières
Le Premier ministre a déclaré vouloir partir d'une feuille blanche pour le projet de budget. Il a annoncé un déficit public attendu autour de 4,7 % du PIB pour l'exercice considéré, en maintenant l'objectif de retour à 3 % en 2029. Il a exclu l'élaboration d'un « budget d'austérité et de régression sociale » et a indiqué qu'il ne souhaitait pas augmenter globalement le niveau des prélèvements obligatoires.
Parmi les orientations chiffrées évoquées figurent une réduction de six milliards d'euros des dépenses de fonctionnement de l'État, une majoration de six milliards d'euros des moyens consacrés aux retraites et une hausse de cinq milliards d'euros pour la santé. Il a annoncé la présentation concomitante, en Conseil des ministres, d'un projet de loi de lutte contre la fraude sociale et fiscale, en même temps que la loi de finances et la loi de financement de la sécurité sociale.
Sur la fiscalité du patrimoine, il a déclaré ne pas envisager le rétablissement de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et a rejeté l'idée que la taxe dite « Zucman » sur les hauts patrimoines soit la réponse adaptée, en invoquant le risque d'imposer le patrimoine professionnel.
Réformes sociales et dialogue social
Le Premier ministre s'est exprimé contre la suspension de la réforme des retraites mise en œuvre par l'exécutif précédent, estimant qu'une suspension ne résoudrait pas toutes les difficultés identifiées, notamment en matière de situation des femmes et de pénibilité au travail. Il a toutefois jugé la réforme inachevée et exprimé sa volonté de travailler avec les partenaires sociaux sur les pratiques entourant les ruptures conventionnelles et d'encourager le dialogue social.
Procédures et contraintes institutionnelles
Sébastien Lecornu a indiqué que les ministres candidats devront endosser le budget et répondre aux contrôles de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique avant leur entrée en fonction. Il a également souligné la nécessité d'assurer la capacité des ministres à négocier avec le Parlement et les autres acteurs institutionnels.
Autres déclarations
Dans le même entretien, Sébastien Lecornu a exprimé son amitié "pour l'homme et sa famille" à l'égard de l'ancien président Nicolas Sarkozy après une décision de justice le concernant, tout en précisant qu'il ne commenterait pas une décision judiciaire et qu'il ne remettrait pas en cause l'autorité judiciaire.