Contexte et signature de l'accord de Bougival
L'accord de Bougival a été signé le 12 juillet à Bougival, en région parisienne, à l'issue de plusieurs jours de négociations entre les représentants indépendantistes et non-indépendantistes de Nouvelle-Calédonie, sous l'égide du ministère des Outre-mer. Ce texte prévoit la création d'un "État de Nouvelle-Calédonie", l'instauration d'une nationalité calédonienne et la possibilité de transférer certaines compétences régaliennes telles que la monnaie, la justice et la police. Bien que salué comme un compromis par certains signataires, l'accord a rapidement suscité des réticences parmi les militants indépendantistes, principalement en raison de l'absence de nouveau référendum sur l'indépendance et de la question de la reconnaissance du peuple Kanak.
Position du FLNKS et réactions internes
Le Front de libération nationale Kanak socialiste (FLNKS), principal mouvement indépendantiste de l'archipel, a tenu un congrès extraordinaire à La Conception, près de Nouméa, au cours duquel le rejet de l'accord a été formulé par l'ensemble de ses composantes. Christian Tein, président du FLNKS, a officiellement appelé à un rejet « clair et sans ambiguïté » du texte, estimant que les dispositions de l'accord ne répondent pas aux demandes relatives à la reconnaissance du peuple Kanak et à l'autodétermination. Lors de son intervention, il a toutefois affirmé la volonté du mouvement de « poursuivre le dialogue », mais uniquement dans le cadre de discussions bilatérales avec l'État, centrées sur les modalités d'accession à la pleine souveraineté et ce, jusqu'au 24 septembre, en cohérence avec les décisions du congrès de janvier.
Conséquences et divisions au sein du camp indépendantiste
Deux mouvements indépendantistes modérés, le Parti de libération kanak (Palika) et l’Union progressiste en Mélanésie (UPM), qui ont quitté le FLNKS en août 2024, ainsi que l’Éveil océanien, parti non-aligné, continuent toutefois de soutenir l'accord de Bougival. Ces divergences témoignent de désaccords sur la voie à suivre quant à l'avenir institutionnel et politique de la Nouvelle-Calédonie.
Intervention du ministère des Outre-mer et initiatives de dialogue
Face à cette situation, le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a annoncé sa prochaine visite en Nouvelle-Calédonie au cours de la semaine du 18 août. Il a exprimé son intention de rencontrer l'ensemble des parties prenantes à Nouméa en vue de préserver le dialogue et d'éviter toute escalade des tensions. Le ministre a proposé la création d'un comité de rédaction chargé de finaliser et de clarifier les textes constitutionnels découlant de l'accord, en particulier sur les thèmes relatifs à l'identité, à la place et au rôle du peuple Kanak. Il a insisté sur la nécessité de parvenir à un consensus pour assurer la stabilité politique et économique de l'archipel.
Situation économique et sociale de la Nouvelle-Calédonie
La Nouvelle-Calédonie traverse une crise majeure, exacerbée par les violences survenues en 2024 qui ont causé 14 décès et d'importants dommages matériels. Cette période de troubles a entraîné une diminution du produit intérieur brut estimée entre 10 % et 15 % et la destruction de plus de 10 000 emplois, selon l'Institut d'émission d'Outre-mer. Le contexte de tension politique et sociale continue d'affecter la situation économique et la reconstruction de l'archipel.
Perspectives
Le processus institutionnel et les discussions autour de l'accord de Bougival demeurent incertains, le FLNKS privilégiant le dialogue uniquement sur la souveraineté tandis que d'autres acteurs locaux soutiennent la recherche d'un compromis. Les initiatives du ministère des Outre-mer visent à faciliter la reprise des échanges et à trouver une issue consensuelle à la crise en cours.