Contexte
Une équipe de l'université d'Oxford a publié en novembre 2025 dans la revue Evolution and Human Behavior une étude consacrée à l'histoire évolutive du « baiser » chez les primates. Les auteurs présentent leur travail comme la première tentative formalisée d'examen phylogénétique du contact bouche-à-bouche non agressif.
Définition opératoire
Les chercheurs définissent le baiser comme un contact bouche-à-bouche non agressif n'impliquant pas de transfert de nourriture. Cette définition a servi de critère uniforme pour recueillir et comparer des observations comportementales entre espèces.
Méthode
Les auteurs ont compilé des données comportementales pour plusieurs espèces de primates, en insistant sur les grands singes (chimpanzés, bonobos, orangs-outans). Ils ont ensuite utilisé l'arbre phylogénétique des primates et des méthodes statistiques d'inférence ancestrale pour estimer la probabilité que des ancêtres communs pratiquaient ce type de contact.
Résultats
Les analyses conduisent à l'estimation que le comportement défini comme « baiser » pourrait être apparu chez l'ancêtre commun des grands singes il y a entre 16,9 et 21,5 millions d'années. Selon les résultats, ce comportement est conservé chez la plupart des grands singes contemporains. Les auteurs suggèrent aussi que les Néandertaliens l'auraient probablement pratiqué, argumentant qu'un partage microbien et génétique entre Néandertaliens et humains modernes rend crédible l'existence de contacts bouche-à-bouche.
Interprétations et implications
Les auteurs combinent des données évolutives et des observations comportementales pour tirer des conclusions sur un trait qui ne laisse pas de trace fossile. Ils notent que le baiser peut favoriser la transmission d'agents microbiens, et que son avantage adaptatif direct en termes de reproduction ou de survie n'est pas immédiatement évident.
Limites
Les données comportementales sont plus complètes pour les grands singes que pour d'autres primates, ce qui limite la portée des inférences pour l'ensemble des primates. Les auteurs soulignent l'incertitude concernant la part relative de l'inné et de la culture dans l'apparition et la diffusion du baiser. Ils présentent leur étude comme un point de départ pour des recherches futures visant à étendre les bases de données et à préciser les estimations.








