Contexte
L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a publié deux rapports présentant des recommandations pour améliorer la surveillance des composés per- et polyfluoroalkylés (PFAS), parfois désignés « polluants éternels ». Les rapports font suite à une compilation et une analyse de données réalisée par les services de l'agence.
Méthodologie et données compilées
Sur une période de deux ans, l'Anses a rassemblé près de 2 millions de données portant sur 142 PFAS pour lesquels des mesures étaient disponibles. Ces séries de données ont été complétées par des informations concernant d'autres substances identifiées dans des sous-lots de contamination ou pour lesquelles des données de toxicité ont été trouvées en dehors des bases de données initiales.
Évaluation et hiérarchisation des substances
À partir des informations d'occurrence et de toxicité disponibles, l'agence a attribué un score à chaque molécule étudiée afin d'orienter la priorisation des contrôles. Sur cette base, l'Anses propose une stratégie de surveillance couvrant 247 PFAS, sur la base d'un choix visant à concentrer les dispositifs de suivi sur un sous-ensemble de la famille chimique.
Recommandations pour l'eau et les denrées alimentaires
L'Anses propose d'élargir la liste des PFAS contrôlés dans l'eau du robinet : la liste actuellement prévue de 20 substances en France serait complétée par cinq PFAS supplémentaires, dont l'acide trifluoroacétique (TFA). L'agence indique que le TFA présente une forte occurrence principalement dans l'eau et qu'il a été détecté dans des analyses sanguines humaines, motifs ayant conduit à son intégration dans la liste proposée.
L'agence recommande également d'étendre la surveillance des PFAS dans les denrées alimentaires au-delà des familles déjà réglementées au niveau européen (poissons, crustacés, œufs, viande). Elle propose d'ajouter le contrôle d'autres catégories alimentaires, notamment les céréales, les fruits et légumes, le miel, le sucre et les aliments destinés aux enfants.
Lacunes identifiées dans les connaissances et la surveillance
Les travaux de l'Anses mettent en évidence des lacunes dans les dispositifs de surveillance nationaux : peu d'éléments de suivi sont disponibles pour l'air, le sol et les poussières. L'agence recommande d'engager des actions pour combler ces manques et mieux caractériser les occurrences environnementales des PFAS.
Sources potentielles de contamination et expositions professionnelles
L'Anses suggère d'élargir les investigations aux matériaux en contact avec les denrées alimentaires et les matériaux au contact de l'eau, ainsi qu'aux matériaux de construction. Elle recommande aussi d'approfondir les connaissances sur les expositions professionnelles, en s'appuyant notamment sur les travaux de l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS). L'INRS a lancé fin 2024 une enquête sur ce sujet dont les résultats sont attendus d'ici fin 2025.
Points réglementaires et actions à court terme
Le rapport mentionne une échéance opérationnelle pour la surveillance de l'eau du robinet : une liste de substances contrôlées prévue à partir du 1er janvier 2026, à laquelle l'Anses propose d'ajouter cinq PFAS. L'Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) est citée comme engagée dans l'évaluation de la toxicité de certaines molécules, dont le TFA.
Recommandations complémentaires
L'Anses recommande de :
- renforcer les dispositifs de surveillance environnementale et alimentaire en s'appuyant sur la liste priorisée de 247 PFAS ;
- développer des banques de données et des protocoles analytiques pour améliorer la comparabilité des mesures ;
- étendre les investigations aux sources matérielles de contamination et aux expositions professionnelles ;
- suivre les évaluations réglementaires en cours au niveau européen et intégrer, le cas échéant, leurs conclusions aux stratégies nationales de surveillance.








