Contexte
Le Cameroun a organisé un scrutin présidentiel en un tour le 12 octobre 2025. Environ huit millions d'électeurs étaient appelés à se prononcer. Le président sortant, Paul Biya, âgé de 92 ans et au pouvoir depuis 1982 (43 ans), était considéré comme le candidat favori. Onze autres candidatures ont été enregistrées, parmi lesquelles celle d'Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre ayant quitté le gouvernement en juin 2025 pour rejoindre l'opposition. La candidature de Maurice Kamto a été rejetée par le Conseil constitutionnel.
Déroulement du scrutin
Les bureaux de vote ont ouvert le matin et ont fermé en fin de journée, les horaires annoncés faisant état d'une ouverture à 08h00 (07h00 GMT) et d'une clôture vers 18h00 (17h00 GMT). Le dépouillement a commencé immédiatement après la fermeture des bureaux. Le ministre de l'Administration territoriale a déclaré que le scrutin s'était déroulé "sans incidents majeurs" et a mis en garde contre toute proclamation de résultats avant l'officialisation par le Conseil constitutionnel. Le Conseil constitutionnel dispose d'un délai légal pour publier les résultats définitifs ; lors de la précédente élection, les résultats officiels avaient été proclamés quinze jours après le scrutin.
Campagnes et principaux candidats
Paul Biya est resté en grande partie discret pendant la période de campagne et est apparu publiquement lors d'un meeting à Maroua, dans la région de l'Extrême-Nord, une zone citée comme stratégique en raison du nombre important d'électeurs.
Issa Tchiroma Bakary, âgé de 79 ans, a multiplié les réunions publiques après avoir quitté le gouvernement. Dans sa région d'origine, des rassemblements importants ont été rapportés lors de ses meetings à Maroua et dans d'autres localités.
Les autres candidats ont développé des campagnes axées sur la promesse de renouveler l'exercice du pouvoir. Des organisations non gouvernementales et certains observateurs ont exprimé des préoccupations antérieures sur la crédibilité du processus électoral, notamment à la suite du rejet de candidatures et de restrictions rencontrées lors du scrutin.
Incidents et réactions le jour du vote
Plusieurs événements ont été signalés le jour du scrutin. À Garoua, le véhicule d'un candidat a été empêché de circuler pendant plus d'une demi-heure au milieu d'affrontements entre partisans et forces de l'ordre avant que le candidat ne regagne son domicile, désormais placé sous surveillance des forces de sécurité. À Yaoundé, des résultats locaux partiels ont été diffusés dans certains bureaux de vote et ont montré Issa Tchiroma Bakary en tête dans certains quartiers, ce qui a entraîné des rassemblements de supporteurs dans le quartier de la Briqueterie.
Des électeurs présents lors du dépouillement ont déclaré avoir observé des opérations qu'ils ont qualifiées de transparentes dans certains bureaux de vote, tandis que des analystes et des politologues ont rappelé la capacité des appareils d'État à influencer les résultats et ont appelé à la prudence quant à l'interprétation des résultats partiels.
Observateurs, dispositifs de compilation parallèle et enjeux socio-économiques
Le ministère de l'Administration territoriale a autorisé la présence d'observateurs électoraux locaux et internationaux, le nombre ayant été indiqué par les autorités à 55 000, y compris des délégations provenant d'organisations régionales. Plusieurs plateformes indépendantes ont annoncé leur intention de compiler des résultats parallèles afin de "protéger le vote" et de diffuser des comptes rendus en ligne ; ces initiatives ont été critiquées par le gouvernement, qui les a accusées de tenter de manipuler l'opinion publique.
Le scrutin s'est tenu dans un contexte marqué par des tensions sécuritaires dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, où un conflit oppose des groupes séparatistes et les forces gouvernementales. Lors de l'élection précédente, l'abstention y avait été élevée. Par ailleurs, des indicateurs socio-économiques cités lors de la campagne ont été mis en avant : un taux de pauvreté estimé à environ 40 % en 2024 selon certaines sources, et un chômage urbain élevé rapporté dans plusieurs comptes rendus.
La démographie a été soulignée comme un facteur important : la moitié de la population a moins de 20 ans et un nombre notable de jeunes s'est inscrit ou s'est présenté pour voter.
Prochaines étapes
Après le début du dépouillement le jour du scrutin, le Conseil constitutionnel est chargé de vérifier et de proclamer les résultats définitifs dans le délai légal qui lui est imparti. Toute proclamation officielle des résultats incombe à cette institution ; les annonces de résultats avant cette proclamation officielle ont été explicitement déconseillées par les autorités en charge de l'organisation électorale.