Introduction
Le procès d'un ancien soldat britannique, surnommé "soldat F", s'est ouvert à Belfast le 15 septembre 2025. Il est poursuivi pour deux meurtres et cinq tentatives de meurtre en lien avec les tirs survenus lors du "Bloody Sunday" à Londonderry (Derry) le 30 janvier 1972.
Contexte des faits de 1972
Le 30 janvier 1972, des parachutistes britanniques ont ouvert le feu sur une marche de manifestants catholiques à Londonderry (Derry). Treize personnes ont été tuées lors de ces événements. L'armée britannique a initialement affirmé que ses soldats avaient réagi à des tirs provenant de membres de l'Armée républicaine irlandaise (IRA). Des témoignages et des enquêtes ultérieures ont remis en cause cette version.
Enquêtes et reconnaissances officielles
Une enquête publique de longue durée a examiné les circonstances des tirs et a conclu que les victimes n'étaient pas responsables des violences alléguées. En 2010, le gouvernement britannique, par la voix du Premier ministre de l'époque David Cameron, a présenté des excuses officielles et qualifié les événements d'« injustifiables ».
Le conflit dit des "Troubles", qui a précédé et conduit en partie à l'accord du Vendredi saint de 1998, a fait environ 3 500 morts selon les estimations couramment citées. L'accord de 1998 a contribué à mettre fin à la plupart des hostilités en Irlande du Nord.
Poursuites et déroulement judiciaire avant 2025
Le parquet nord-irlandais a engagé des poursuites pénales contre le militaire identifié comme "soldat F" en 2019. Ces poursuites ont été initialement abandonnées puis relancées en 2022, aboutissant à l'ouverture d'un procès en 2025. Lors d'une audience préparatoire en décembre 2024, le prévenu a plaidé non coupable. Il comparaît libre pendant un procès qui doit durer plusieurs semaines.
Accusations présentées à l'ouverture du procès
L'accusation, représentée à l'ouverture des débats par Louis Mably, a exposé que les tirs commis ce jour-là étaient injustifiés et que les civils ne présentaient pas de menace crédible pour les soldats. Le représentant de l'accusation a soutenu que les tirs avaient été effectués avec l'intention de tuer ou, au minimum, de causer un préjudice grave.
À l'ouverture de l'audience, le prévenu a comparu masqué, dissimulé derrière un rideau, ses avocats invoquant des risques pour sa sécurité et demandant le maintien de son anonymat.
Réactions publiques et des proches
Avant l'ouverture de l'audience, des dizaines de personnes se sont rassemblées devant le tribunal en soutien aux familles des victimes. John McKinney, frère d'une des personnes tuées, a déclaré que la procédure judiciaire intervenait après de nombreuses années de démarches pour obtenir justice. Des représentants d'organisations d'anciens combattants ont exprimé des sentiments de frustration et de trahison parmi certains ex-soldats.
Cadre juridique récent et autres condamnations
Depuis la fin des "Troubles", seule une condamnation d'un ancien soldat britannique a été prononcée avant 2025 : début 2023, David Holden a écopé d'une peine de trois ans avec sursis dans une affaire datant de 1988, liée à la mort d'un homme lors d'un contrôle routier.
En 2023, une loi intitulée « Héritage et réconciliation » a limité l'ouverture de nouvelles poursuites pour des actes commis pendant la période des "Troubles". Cette mesure a suscité des critiques, et le Parti travailliste (Labour) s'est engagé à en abroger certaines dispositions.
Enjeux et suite attendue
Le procès en cours vise à établir la responsabilité pénale d'un individu pour des faits liés à un épisode largement étudié par des enquêtes publiques. Le déroulement du procès et les éléments de preuve présentés permettront au tribunal d'apprécier la validité des accusations. Le procès doit se poursuivre pendant plusieurs semaines conformément aux procédures judiciaires en vigueur.