Contexte de l'attentat
Le 9 août 1982, un attentat s'est produit dans le quartier du Marais à Paris, ciblant le restaurant Jo Goldenberg situé rue des Rosiers. L'attaque a été menée par un commando composé de trois à cinq individus. Une grenade a été lancée dans l'établissement, suivie d'une fusillade dans la rue. Cet événement a entraîné la mort de six personnes et fait vingt-deux blessés.
Selon les investigations, l'attentat a été attribué au Fatah-Conseil révolutionnaire (Fatah-CR), dirigé par Abou Nidal, un groupe palestinien dissident de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).
Déroulement de l’enquête
L’enquête, s’étendant sur plus de quarante ans, s’est appuyée sur des témoignages, des notes de renseignement, diverses expertises et recoupements. Durant cette période, des pistes multiples ont été explorées, et l’enquête a été marquée par une absence de transparence de certains services de renseignement, selon les avocats de la défense.
Mise en accusation et suspects
En juillet 2025, un juge d'instruction a ordonné un procès devant les assises spéciales contre six personnes. Deux d'entre elles, Walid Abdulrahman Abou Zayed (Norvégien d'origine palestinienne, âgé de 66 ans) et Hazza Taha, ont été mises en examen. Abou Zayed est poursuivi pour assassinats et complicité d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste. Il est considéré par le juge comme ayant été l'un des tireurs. Depuis son extradition de Norvège fin 2020, il est détenu en France et conteste les faits. Hazza Taha, placé sous contrôle judiciaire, est renvoyé pour complicité d'assassinats et de tentatives d'assassinats en lien avec le terrorisme, ayant été soupçonné d'avoir dissimulé des armes, ce qu'il réfute également.
Les quatre autres suspects (Hicham Harb, Nizar Tawfiq Hamada, Amjad Atta et Nabil Othmane) sont visés par des mandats d'arrêt internationaux et localisés en Cisjordanie, en Jordanie et au Koweït. Ils sont respectivement accusés d'avoir supervisé ou participé à l'attentat (Hicham Harb et Nizar Tawfiq Hamada), ou encore d'avoir planifié ou préparé les actes (Amjad Atta et Nabil Othmane).
Éléments du dossier d'accusation et défense
L'ordonnance de mise en accusation évoque un « faisceau d’indices multiples et concordants » démontrant la participation d'Abou Zayed à l'attentat. En 2022, Abou Zayed a reconnu pour la première fois avoir appartenu au groupe Abou Nidal, tout en affirmant avoir occupé un rôle exclusivement administratif et n’avoir jamais quitté son pays pour commettre des actes terroristes. Le juge d’instruction considère néanmoins que l'intéressé fut un opérationnel actif, s'appuyant sur des témoignages.
Les avocats d'Abou Zayed remettent en cause la procédure, la qualifiant de prématurée du fait de l’enquête qu’ils estiment inachevée. Les avocats de Hazza Taha annoncent être en désaccord avec l’ordonnance, dénonçant un manque de clarté dans les démarches d’enquête et annonçant leur intention de faire appel.
Situation des parties civiles
Les avocats des victimes évoquent l’alternance de périodes d’attente et d’espoir, et soulignent que le procès reste incomplet en l'absence de plusieurs accusés, dont l’extradition depuis certains pays du Moyen-Orient a été refusée. Les parties civiles expriment avant tout un besoin de vérité.
Conclusion
Le procès de l’attentat de la rue des Rosiers, quarante-trois ans après les faits, concerne six personnes accusées de divers degrés de responsabilité dans cet acte. Les débats à venir porteront notamment sur le rôle précis de chaque suspect et sur la solidité des éléments probants rassemblés durant l’instruction.