Contexte
Roger Lumbala est un ancien chef rebelle congolais associé au RCD‑N, une faction active dans l'est de la République démocratique du Congo. Des hommes se réclamant des « Effacés » ou « Effaceurs », liés à cette structure, ont mené une opération connue sous le nom d'« Effacer le tableau ». Cette offensive visait notamment le contrôle des ressources naturelles et minières de la région.
Un rapport des Nations unies publié en 2010 (rapport Mapping) a documenté des exactions commises lors de cette période, y compris des viols, et indique qu'ils auraient été commis de manière systématique et généralisée, visant en particulier les femmes des groupes pygmées, dont les Bambuti.
Accusations et procédure
Roger Lumbala a été arrêté à Paris en décembre 2020. Il est poursuivi devant la cour d'assises de Paris pour complicité de crimes contre l'humanité, en raison du rôle qui lui est attribué dans la chaîne de commandement et de l'allégation selon laquelle il aurait laissé agir des hommes placés sous son autorité. Il conteste sa responsabilité et refuse d'assister au procès.
Plusieurs auditions se déroulent à huis clos devant la cour pour entendre des victimes et des témoins originaires de la région concernée.
Témoignages des membres de la communauté Bambuti
Des membres de la communauté Bambuti, originaires de la forêt de la région d'Épulu, dans le nord-est de la RDC, ont été entendus pour relater des violences subies en 2002-2003. Ils font état de pillages, de passages à tabac, de travail forcé et de viols. La communauté a été décrite par un représentant comme vivant de la chasse, de la cueillette et de l'agriculture, répartie en une vingtaine de villages.
Parmi les témoignages figurent des récits détaillant des actes sexuels commis par des groupes de soldats. Un chef coutumier a déclaré avoir été contraint d'assister au viol de sa sœur par trois soldats; selon son témoignage, la victime était enceinte et est décédée quelques jours après l'agression. D'autres témoins ont décrit des viols collectifs perpétrés pendant leur adolescence, des agressions commises devant des membres de la famille et des situations où des femmes auraient été emmenées de force pour servir d'esclaves sexuelles.
Conséquences pour les communautés
Les témoins ont indiqué que les opérations des groupes armés ont entraîné la destruction de filets de chasse traditionnels, privant la communauté d'une source de revenus. Ils ont rapporté une détérioration des conditions économiques et sociales, ainsi que des conséquences familiales pour certaines victimes. Des intervenants cités en procès, dont des experts et conseillers, ont expliqué comment les violences sexuelles peuvent affecter la cohésion sociale et les unions conjugales.
Le médecin Denis Mukwege, auteur de l'ouvrage La Force des femmes, est cité pour son analyse selon laquelle le viol a été utilisé en RDC comme instrument de guerre et de terreur contre la population.
Requêtes des victimes et déroulement du procès
Plusieurs victimes ont saisi la justice et demandé que leurs droits soient reconnus. Des plaignants ont exprimé l'espoir que le procès permette d'établir des responsabilités et de restituer des droits aux personnes affectées.
Le procès se poursuit en l'absence de l'accusé, qui rejette la légitimité de la justice française. Les audiences ont permis d'entendre des témoins et des victimes ayant parcouru de longues distances pour déposer leurs déclarations devant la cour.
Situation actuelle
La procédure judiciaire en France vise à examiner les éléments de preuve et les témoignages relatifs aux exactions attribuées aux combattants se réclamant du RCD‑N et à déterminer les responsabilités pénales. Roger Lumbala reste mis en cause et fait face à des poursuites pour complicité de crimes contre l'humanité.








