Contexte
Dans la nuit du 13 au 14 mai 2024, des tags représentant des mains rouges ont été apposés sur plusieurs murs des IVe et Ve arrondissements de Paris. Trente-cinq de ces inscriptions ont été relevées sur le Mur des Justes, situé dans l'enceinte du Mémorial de la Shoah. Selon des éléments d'enquête et des relevés de terrain, plus de 500 tags similaires ont été recensés dans la zone concernée.
Enquête et identification des suspects
L'enquête a mobilisé l'analyse d'images de vidéosurveillance, des relevés de communications téléphoniques et l'examen de réservations de transports et d'hébergement. Ces investigations ont permis d'identifier plusieurs personnes mises en cause. Trois individus ont été interpellés, extradés depuis la Croatie et la Bulgarie, puis placés en détention provisoire. Un quatrième est visé par un mandat d'arrêt et est jugé en son absence.
Qualifications pénales et poursuites
Trois prévenus sont renvoyés devant la juridiction pour dégradations aggravées, en réunion et en raison de la prétendue appartenance à une race, une ethnie ou une religion, ainsi que pour association de malfaiteurs. Le quatrième prévenu est poursuivi pour complicité de dégradations aggravées et pour association de malfaiteurs. Les peines encourues, telles qu'évoquées lors de l'ouverture du procès, peuvent aller jusqu'à sept ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende.
Positions des prévenus et de la défense
Devant le tribunal correctionnel de Paris, certains prévenus ont déclaré avoir agi contre rémunération, sans motivation idéologique, se présentant comme de simples exécutants. Les avocats de la défense ont contesté l'existence d'un commandement supérieur, arguant que les personnes jugées étaient des intermédiaires ou des exécutants.
Des éléments présentés au dossier, notamment des signes et photographies liés à des engagements antérieurs de certains prévenus, ainsi que des témoignages contradictoires, ont été discutés au cours des audiences pour tenter d'établir la connaissance du lieu visé et la finalité de l'action.
Hypothèses d'ingérence étrangère
Au cours de l'information judiciaire, le parquet de Paris a retenu l'hypothèse selon laquelle cette action pourrait s'inscrire dans une opération de déstabilisation organisée par des services de renseignement étrangers. La Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a versé au dossier des éléments interprétés comme susceptibles de correspondre à une opération d'influence externe.
Le service national chargé de la lutte contre les ingérences numériques étrangères, Viginum, a signalé une diffusion et une instrumentalisation de l'affaire sur le réseau social X par des acteurs présentés comme liés à la Russie. Le parquet a, selon ses éléments, identifié un dispositif d'influence dénommé RRN et mentionné l'existence d'un pseudo-média appelé "Artichoc".
Liens avec d'autres incidents
Les autorités judiciaires et certains services de renseignement ont rapproché cette affaire d'autres incidents signalés comme possibles tentatives visant à diviser l'opinion publique. Ont été cités notamment le marquage d'étoiles de David dans la région parisienne en octobre 2023 et le dépôt de cercueils au pied de la tour Eiffel en juin 2024. Des atteintes visant des lieux de culte ont également été évoquées sur la même période.
Déroulement procédural et enjeux
Le procès, tenu sur plusieurs jours devant le tribunal correctionnel de Paris, a porté sur l'imputation des faits, la participation individuelle des prévenus, la vérification des moyens d'identification et l'existence de liens éventuels avec des commanditaires extérieurs. Les débats ont rassemblé les parties civiles, les prévenus et les représentants du ministère public.
Points restant en suspens et suites possibles
Le dossier comporte des éléments matériels et des analyses susceptibles d'étayer l'identification des auteurs et d'établir l'existence ou l'absence d'une orchestration extérieure. Les hypothèses avancées par le parquet et par les services spécialisés relèvent de l'enquête et de l'accusation ; elles seront appréciées par la juridiction compétente. Les suites judiciaires dépendront des décisions du tribunal et d'éventuels recours.








