Présentation du dossier
L'ancien anesthésiste Frédéric Péchier est jugé par la cour d'assises du Doubs pour une série d'empoisonnements. L'accusation lui impute trente faits, dont douze ayant entraîné des décès, pour des faits situés entre 2008 et 2017. Le procès porte notamment sur des arrêts cardiaques survenus à la clinique Saint‑Vincent de Besançon et sur l'hypothèse d'une intervention externe ayant provoqué ces événements.
Faits survenus en 2009
Deux patients, identifiés comme Éric Gendronneau et Sylvie Gaillard, ont présenté des arrêts cardiaques à 19 jours d'écart en septembre 2009. Ces incidents ont été initialement attribués à un syndrome de Tako‑Tsubo, un trouble cardiaque lié à une réponse adrénergique aiguë au stress, considéré comme rare. Les deux patients ont survécu.
Éléments médicaux et matériels
Dans le dossier relatif à Éric Gendronneau, un anesthésique local a été retrouvé ultérieurement dans une poche de perfusion utilisée le jour de l'intervention au bloc opératoire. L'anesthésiste présent lors de l'arrêt cardiaque, Martial Jeangirard, a déclaré devant la cour qu'il n'avait pas utilisé cette poche pour ce patient.
Enquête et mise en examen
Une enquête ouverte en 2017, visant d'autres arrêts cardiaques observés dans la même clinique, a conduit les enquêteurs à envisager la piste d'un empoisonnement. Les investigations ont abouti à la mise en examen de Frédéric Péchier pour plusieurs faits d'empoisonnement et à la formulation de charges couvrant la période 2008‑2017.
Témoignages et arguments présentés au procès
Martial Jeangirard a expliqué devant la cour qu'il avait sollicité l'intervention de son collègue Frédéric Péchier lors de la réanimation d'un patient. Il a indiqué que, après cette intervention, Péchier avait pris en charge les patients et l'avait invité à quitter le service afin de se reposer. Le témoin a précisé qu'il interprète aujourd'hui ces faits à la lumière de l'enquête.
L'accusation a avancé comme mobile possible la volonté de nuire à des confrères anesthésistes avec lesquels l'accusé aurait eu des différends professionnels. Des témoins ont rappelé qu'avant les événements de 2009, Frédéric Péchier avait travaillé pendant plusieurs mois dans un autre établissement, ce que certains collègues lui avaient reproché.
La défense, représentée notamment par Me Randall Schwerdorffer, a contesté la cohérence des éléments matériels et procéduraux permettant d'établir l'empoisonnement. Elle a soutenu que retenir cette hypothèse supposerait que l'accusé soit entré dans le bloc opératoire en l'absence d'autres personnels et ait substitué ou placé une poche de perfusion sans être aperçu, ce que la défense juge improbable.
Martial Jeangirard a reconnu qu'il s'entendait par le passé avec Frédéric Péchier, et la défense a souligné l'absence d'éléments établissant clairement un mobile.
Situation de l'accusé et procédure
Frédéric Péchier dément les accusations portées contre lui. Il comparaît libre et encourt, s'il était condamné, la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est fixé au 19 décembre.