Résumé
Le Parquet national antiterroriste (PNAT) a requis un procès aux assises spéciales à l'encontre d'Émilie König. Le réquisitoire, daté du 29 juillet, vise notamment des faits d'association de malfaiteurs terroriste criminelle. La décision de renvoi appartient à la juge d'instruction saisie du dossier.
Parcours et radicalisation
Née à Lorient, Émilie König est partie en Syrie en 2012, sans ses deux premiers enfants nés en France, selon les éléments transmis à la presse. Sur place, elle a épousé religieusement un homme lié à une filière jihadiste originaire de Nîmes, mort ensuite lors d'opérations de l'organisation État islamique (EI). Trois autres enfants sont nés sur place en 2015 et 2017.
Des sources citées par le parquet indiquent une radicalisation progressive après une conversion à l'islam. En 2014, l'ONU l'a inscrite sur une liste de combattants.
Allégations et éléments retenus par le parquet
Le PNAT reproche à Émilie König d'être restée en zone irako-syrienne pendant la période des exactions commises par l'EI et d'y avoir exercé des fonctions de recrutement, d'entremise et de propagande. Le réquisitoire mentionne des publications et des vidéos attribuées à la prévenue, des messages d'encouragement à commettre des actes violents et des images de maniement d'armes.
Le parquet relève également des écrits et déclarations antérieures à son départ vers la zone irako-syrienne, ainsi que des manifestations d'adhésion à l'idéologie de l'EI, notamment le souhait d'intégrer des structures telles que la "police de la charia pour femmes" et l'expression d'une volonté d'être martyrisée.
Le réquisitoire cite des passages attribués à Émilie König, dont une lettre évoquant l'intention de commettre un attentat suicidaire et des comparaisons avec des attaques ayant eu lieu en France.
Arrestation, détention en Syrie et rapatriement
À la fin de 2017, elle a été arrêtée par les forces kurdes et placée dans un camp de prisonniers jihadistes dans le nord-est de la Syrie. Elle a été rencontrée dans le camp dit de Roj en avril 2021.
En juillet 2022, elle a été rapatriée en France parmi un groupe de personnes comprenant des mères et des enfants. À son arrivée en France, elle a été mise en examen pour association de malfaiteurs terroriste criminelle et placée en détention.
Éléments communiqués sur la défense et expertises
Lors d'entretiens dans le camp et après son rapatriement, Émilie König a déclaré vouloir reprendre une vie professionnelle et récupérer ses enfants, et a exprimé des regrets selon des comptes rendus de presse. Elle a parfois affirmé ne pas avoir "de sang sur les mains".
Des expertises psychiatriques mentionnées dans les dossiers judiciaires ont présenté des conclusions divergentes: une première expertise évoquant une "dangerosité criminologique" et une évaluation ultérieure en détention signalant une "dynamique positive" et une "démarche d'introspection".
Procédure en cours et co-accusation possible
Le PNAT a requis un procès aux assises spéciales; la juge d'instruction doit décider du renvoi. Si le renvoi est ordonné, la procédure prévoit la possibilité de juger Émilie König et d'autres personnes impliquées, notamment une femme désignée dans les éléments d'enquête comme pouvant avoir fourni un appui logistique et financier depuis la France.
Les avocats désignés dans les éléments publics n'ont pas fait de déclarations publiques sur la requête du parquet au moment des communications rapportées par la presse.
État du dossier
La mesure réclamée par le PNAT marque une étape de la procédure pénale. Le dossier comporte des éléments factuels et des allégations formulées par l'accusation; la suite de la procédure dépendra des décisions de la juge d'instruction et des suites de l'instruction préparatoire.