Résumé
Le 16 septembre 2025, la France a rapatrié depuis le nord-est de la Syrie treize ressortissants français détenus dans des camps et centres de détention contrôlés par des autorités locales. Le groupe rapatrié comprenait dix enfants et trois femmes âgées de 18 à 34 ans. Cette opération est la première de ce type menée par la France depuis juillet 2023.
Opération et mesures judiciaires
Selon le Parquet national antiterroriste (Pnat), deux des femmes ont été placées en garde à vue sur commission rogatoire d’un juge d’instruction. Une troisième femme faisant l’objet d’un mandat d’arrêt doit être présentée à un juge d’instruction en vue d’une éventuelle mise en examen.
Les mineurs ont été pris en charge dans le cadre de procédures d’assistance éducative sous la responsabilité du parquet près le tribunal judiciaire de Versailles. Le Pnat a indiqué assurer le suivi centralisé des mineurs, en lien avec les parquets territoriaux.
Le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères a remercié les autorités locales du nord-est syrien qui ont rendu l’opération possible.
Contexte et antécédents
Les rapatriements de femmes et d’enfants depuis la Syrie ont débuté en 2019. Les autorités françaises ont mené plusieurs opérations jusqu’à l’été 2023, date à partir de laquelle ces rapatriements ont été suspendus selon les autorités, en raison d’un manque de volontaires pour les missions sur place.
En 2022, la Cour européenne des droits de l’Homme a rendu une décision liée à la situation des personnes retenues dans ces camps, position relayée par des acteurs internationaux. Selon une source diplomatique citée par les autorités, 179 enfants et 60 femmes adultes avaient été rapatriés par la France depuis 2019 avant la suspension des opérations.
Situation des personnes encore détenues
Des organisations de proches et d’avocats estiment qu’un nombre significatif d’enfants et de femmes françaises restent détenus dans les camps du nord-est de la Syrie. Le Collectif des Familles unies a indiqué qu’en juin 2025 environ 120 enfants et une cinquantaine de femmes françaises étaient encore retenus. L’avocate des personnes rapatriées, Marie Dosé, a ainsi évoqué la présence d’environ 110 enfants français dans le camp de Roj.
Les camps et centres de détention du nord-est syrien accueillent des dizaines de milliers de personnes de différentes nationalités, suspectées de liens avec l’organisation dite État islamique, et sont gérés par des autorités locales et des forces de la région.
Réactions d’organisations et d’acteurs juridiques
Le Collectif des Familles unies a exprimé son opposition à la détention prolongée des enfants dans ces camps. L’avocate Marie Dosé a déclaré que des proches considèrent ces retours comme un soulagement et a formulé des critiques sur la situation des personnes toujours détenues.
Pour sa part, Matthieu Bagard, responsable du pôle expertise Syrie de l’ONG Avocats sans frontières France, a estimé que l’opération illustrait la capacité de la France à organiser des rapatriements, tout en rappelant le nombre de personnes toujours privées de liberté sur place.
Cadre international et perspectives
En février 2025, l’administration locale du nord-est syrien a annoncé, en coordination avec l’Organisation des Nations unies, son intention de réduire ou vider certains camps de déplacés d’ici la fin de 2025, y compris des camps hébergeant des proches présumés de membres de l’organisation dite État islamique. Cette annonce a été présentée comme un élément structurant de la gestion future des camps et des personnes retenues.
La situation reste suivie par des autorités judiciaires, diplomatiques et des organisations de protection de l’enfance pour le rapatriement, la prise en charge et les suites judiciaires éventuelles des personnes concernées.