Présentation de l'accord
Un accord commercial entre l'Union européenne (UE) et les États-Unis a été annoncé publiquement à l'issue de discussions en Écosse entre le président américain Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. L'accord prévoit que les produits européens exportés vers les États-Unis seront désormais soumis à un droit de douane de 15 %. En parallèle, l'UE s'est engagée à acquérir pour 750 milliards de dollars d'énergie — avec pour objectif notamment de remplacer le gaz russe — et à effectuer 600 milliards de dollars d'investissements supplémentaires aux États-Unis.
Réactions politiques en France
À Paris, les membres du gouvernement et plusieurs responsables politiques ont exprimé des réserves majeures sur cet accord. Le Premier ministre François Bayrou a utilisé l'expression de « jour sombre » pour l'Europe, tout en évoquant une soumission aux exigences américaines. Laurent Saint-Martin, ministre délégué au Commerce extérieur, a souligné que la négociation technique à venir devait permettre de renforcer la position européenne.
Le ministre de l’Industrie et de l’Énergie, Marc Ferracci, a souhaité que des efforts soient menés pour « rééquilibrer » l'accord, notamment sur le volet des services, en particulier numériques. Il a rappelé que la balance commerciale États-Unis/Europe est déficitaire pour les biens côté américain, mais excédentaire pour les services. Ferracci a également évoqué la possibilité de recourir à des outils pour limiter l'accès des entreprises américaines aux marchés publics européens.
D’autres personnalités politiques françaises, tant de la majorité que de l’opposition, ont critiqué l’accord. Certains ont parlé d’une « vassalisation » de l’UE ou d’un manque de fermeté dans les négociations, appelant à la poursuite des discussions pour défendre les intérêts européens.
Réactions des secteurs économiques et entreprises
Les organisations patronales françaises ont adopté des positions nuancées. La CPME, représentant les petites et moyennes entreprises, a évoqué d’éventuelles conséquences négatives pour ses membres, avec une inquiétude particulière pour les PME et les entreprises de taille intermédiaire. Le Medef, première organisation patronale, a aussi jugé que la négociation devait se poursuivre.
Dans certains secteurs économiques, les réactions varient. Dans l’agroalimentaire, l’organisation patronale Ania juge l'accord défavorable et susceptible de fragiliser la position du secteur, tandis que la Fédération des entreprises de la beauté (FEBEA) regrette le passage de 0 à 15 % de droits de douane pour les exportations vers les États-Unis. À l’inverse, la filière aéronautique, exemptée de droits de douane, considère cette mesure comme favorable. Le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas) estime que cette exemption permettra de préserver les emplois qualifiés dans la filière. Du côté des vins et spiritueux, la Fédération française des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) attend davantage de détails avant de se prononcer, tout en rappelant que, si une hausse des droits de douane a été évitée, les jours à venir seront décisifs.
Données sur la balance commerciale
Concernant les biens, la France affichait en 2024 un excédent commercial de 16,4 milliards de dollars à l'égard des États-Unis selon les statistiques américaines, tandis que les douanes françaises évoquent un déficit de 4,2 milliards d'euros pour la même période.
Perspectives des négociations
Les autorités françaises ont souligné que l'accord n'était pas finalisé et que des discussions devaient se poursuivre pour certains produits comme les produits pharmaceutiques, l'acier, l'aluminium, les produits chimiques, les semi-conducteurs, ainsi que dans le secteur agricole et viticole. Des consultations avec les fédérations professionnelles concernées sont programmées pour examiner l’impact de l’accord et les moyens d’influer sur la suite des négociations.