La Belgique enregistre une augmentation de sa production de pommes de terre simultanément à une forte baisse des prix et des exportations, ce qui suscite des tensions commerciales au sein de la filière et des interrogations sur les investissements futurs.
Production et évolution des surfaces
La production belge de pommes de terre devrait atteindre environ cinq millions de tonnes, marquant une hausse notable par rapport à l'année précédente. Les surfaces consacrées à la transformation en frites ont été étendues dans plusieurs pays fournisseurs de l'industrie, dont la Belgique, la France, les Pays-Bas et l'Allemagne, avec une augmentation totale d'environ 40 000 hectares, soit près de 7 %.
Sur la décennie, la filière industrielle des produits à base de pomme de terre s'est développée de manière soutenue, faisant de la Belgique un acteur important dans la production et l'exportation de frites surgelées. En 2024, la valeur des exportations belges de produits à base de pomme de terre a dépassé trois milliards d'euros, soit près du triple du niveau de 2015.
Facteurs de la baisse des débouchés et de la pression sur les prix
Plusieurs éléments ont contribué à la réduction des débouchés et à la pression sur les prix :
- l'instauration de barrières commerciales sur certains marchés, notamment sous la forme de droits de douane vers les États-Unis ;
- un euro plus fort, qui réduit la compétitivité-prix des exportations européennes ;
- l'augmentation des capacités de production de concurrents hors d'Europe, notamment en Inde, en Chine et en Égypte ;
- une contraction de la demande pour certains produits européens sur des marchés internationaux.
Ces facteurs ont coïncidé avec une offre domestique et régionale accrue, ce qui a augmenté les volumes disponibles sur le marché libre.
Prix et conditions de commercialisation
Une part importante des volumes est commercialisée via des contrats négociés avant la récolte, qui garantissent des revenus pour certains producteurs. En revanche, les volumes non contractés sont exposés à la volatilité du marché. Sur le marché libre, l'excédent d'offre combiné au recul des exportations a provoqué un effondrement des prix : les cotations sur le marché libre se situent autour de 15 euros la tonne, contre un niveau de référence nettement supérieur l'année précédente.
Entre juin 2024 et juin 2025, les exportations belges de frites surgelées ont reculé d'environ 6,1 %.
Impacts et perspectives pour la filière
La conjonction d'une production élevée et de débouchés réduits contraint certains producteurs et industriels à reconsidérer leurs projets d'investissement et leurs contrats. Les opérateurs intégrés bénéficient de contrats saisonniers qui apportent des garanties de revenu à court terme, tandis que les volumes non sécurisés subissent la volatilité des cours.
Les organisations professionnelles et les responsables de la filière soulignent la nécessité d'un réajustement structurel pour aligner les capacités de production sur la demande mondiale et envisagent des renégociations commerciales pour la campagne suivante.








