Faits essentiels
Le 16 octobre 2025, l'Assemblée nationale a examiné deux motions de censure visant le gouvernement de Sébastien Lecornu, déposées respectivement par La France insoumise (LFI) et par le Rassemblement national (RN) avec ses alliés. Les deux motions ont été rejetées : la motion déposée par LFI a recueilli 271 voix tandis que celle du RN a obtenu 144 voix. La majorité absolue requise pour renverser le gouvernement était de 289 voix. Le gouvernement est donc resté en fonction.
Contexte et antécédents
La séquence parlementaire et gouvernementale qui a précédé les votes comprend la démission puis la reconduction de Sébastien Lecornu à la tête du gouvernement, suivies d'une déclaration de politique générale. Lors de cette déclaration, le Premier ministre a annoncé la suspension projetée de la réforme des retraites et a déclaré renoncer au recours à l'article 49.3 pour l'adoption du budget. Sur la base de ces engagements, la direction du Parti socialiste (PS) a demandé à ses députés de ne pas voter la censure, tout en prévenant que cette non-participation n'équivalait pas à un « pacte de non-censure » pour l'avenir.
Des motions ont été déposées par LFI et par le RN (ce dernier en lien avec le groupe Union des droites pour la République, UDR). Les débats en séance ont porté sur l'opportunité de renverser le gouvernement et sur le projet de budget présenté en Conseil des ministres, qui prévoit un effort budgétaire d'environ trente milliards d'euros.
Déroulement des débats et du scrutin
Un débat commun aux deux motions s'est tenu à l'ouverture de la séance, avec des prises de parole de représentants de LFI et du RN puis l'intervention du Premier ministre. La première motion, présentée par La France insoumise, a été mise aux voix puis la seconde, portée par le RN et ses alliés, a été soumise au scrutin. Le délai et la procédure de vote ont respecté les règles de l'Assemblée nationale applicables aux motions de censure.
Résultats détaillés et répartition des votes
Motion LFI : 271 votes pour, majorité requise 289.
- Tous les députés du groupe La France insoumise ont voté pour la motion.
- La quasi-totalité des députés écologistes a voté pour (35 sur 38), avec trois exceptions nommées qui n'ont pas suivi la position du groupe : Delphine Batho, Catherine Hervieu et Dominique Voynet.
- Une large majorité des députés communistes et apparentés a soutenu la motion, à l'exception de deux députés qui ne l'ont pas votée.
- Le Rassemblement national et l'UDR ont apporté leur vote à la motion LFI.
- Le groupe dit du « bloc central » (Renaissance/EPR, MoDem, Horizons) n'a, dans sa quasi-totalité, pas voté la censure.
- Au sein du Parti socialiste, sept députés ont voté la censure malgré la consigne du groupe ; leurs noms ont été signalés publiquement par plusieurs médias.
- Parmi d'autres exceptions, une députée LR (Alexandra Martin) et un député du groupe LIOT (Olivier Serva) ont également voté pour la motion.
Motion RN : 144 votes pour, majorité requise 289.
- Le groupe Rassemblement national a voté à l'unanimité pour sa propre motion. Le groupe UDR a également soutenu le texte.
- Trois députés Les Républicains se sont joints à la motion RN.
- Aucun des groupes du bloc central ni la majorité des socialistes n'a apporté ses voix à cette seconde motion.
Les comptes effectifs publiés et les listes nominatives des députés qui ont voté pour ou qui se sont abstenus ont été rendus publics par les services de l'Assemblée et par plusieurs rédactions, permettant de suivre la répartition circonscription par circonscription.
Réactions des principaux acteurs
Le Parti socialiste a défendu sa décision en rappelant qu'il n'accordait pas un soutien sans conditions et en exigeant la mise en œuvre effective des engagements annoncés par le Premier ministre, notamment la suspension juridique de la réforme des retraites.
Les députés de LFI et leurs responsables ont considéré le rejet de la motion comme un revers et ont annoncé la poursuite de leur action parlementaire et extra-parlementaire, y compris par le dépôt de nouvelles initiatives.
Le Rassemblement national a réagi en rappelant sa demande de dissolution de l'Assemblée et a critiqué le projet de budget.
Le Premier ministre a appelé à la tenue des débats budgétaires et a rappelé l'exigence de responsabilité de la part des parlementaires pour ne pas « prendre en otage » le budget de l'État et de la Sécurité sociale.
Enjeux et suites parlementaires
Le rejet des motions de censure ouvre la voie à l'examen du projet de loi de finances et du projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Les travaux prévus incluent l'examen en commission des Finances puis la discussion en séance publique. Les points clés à venir sont la mise en œuvre de la suspension annoncée de la réforme des retraites, les arbitrages sur les mesures d'économies et de recettes figurant dans le projet de budget, et la possibilité pour les groupes de déposer des amendements et des motions de censure ultérieures si les engagements ne sont pas jugés tenus.
La séquence a mis en évidence des divergences internes au sein de plusieurs groupes parlementaires et un basculement du rôle d'arbitre parlementaire vers le Parti socialiste, dont la position a été décisive au moment du vote. Les relations entre groupes, les négociations sur le budget et la tenue effective des engagements annoncés constitueront des éléments déterminants pour la stabilité du gouvernement dans les semaines à venir.
Notes factuelles
Les chiffres de vote et les noms des députés mentionnés dans cet article proviennent des résultats du scrutin et des déclarations publiques faites dans l'hémicycle et par les directions de groupes politiques au moment des débats du 16 octobre 2025.