Résumé
Le 16 novembre 2019, lors d’un rassemblement marquant le premier anniversaire du mouvement des Gilets jaunes, Manuel Coisne a été atteint à l’œil par un tir de grenade lacrymogène place d’Italie (Paris). La blessure a entraîné la perte d’un œil. Une procédure judiciaire en cours a déjà conduit au renvoi d’un policier et soulève désormais la question de la responsabilité pénale de Didier Lallement, alors préfet de police de Paris.
Faits
Le tir responsable de la blessure s’est produit le 16 novembre 2019 place d’Italie. La victime, Manuel Coisne, a perdu un œil. Le policier mis en cause, identifié comme Fabrice T., a été renvoyé fin 2024 devant la cour criminelle départementale pour « violences volontaires ayant entraîné une infirmité permanente par personne dépositaire de l’autorité publique ».
Décision de la cour d'appel
Le 19 décembre 2025, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris a demandé au juge d’instruction d’examiner également la responsabilité pénale de Didier Lallement. La cour a relevé que la plainte visant Lallement avait été jointe au dossier mais que l’instruction ne s’était pas prononcée sur une éventuelle mise en examen de l’ancien préfet.
Objet des plaintes et qualifications pénales
La plainte de Manuel Coisne, avec constitution de partie civile, vise notamment les qualifications de « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique suivies de mutilation ou d’infirmité permanente » et d’« atteinte à la liberté individuelle ». Les plaignants reprochent à Didier Lallement d’avoir été le "donneur d’ordre" de la mise en place d’une « nasse » sur la place d’Italie, technique consistant à encercler et retenir des manifestants dans un périmètre donné.
Positions des parties
Me Arié Alimi, avocat de Manuel Coisne, et la victime ont demandé dès l’ouverture de la procédure que la juridiction d’instruction apprécie la responsabilité pénale de l’ancien préfet. Ils estiment que la combinaison de la nasse et d’un usage « non maîtrisé et dangereux » des armes par les forces de l’ordre a contribué à la blessure.
Didier Lallement, préfet de police de Paris entre 2019 et 2022, fait déjà l’objet d’autres procédures liées à sa gestion du maintien de l’ordre lors de manifestations.
Enjeux procéduraux et suites possibles
La demande de la chambre de l’instruction impose au juge d’instruction d’examiner, en complément des charges visant le policier renvoyé, la responsabilité pénale éventuelle de l’ancien préfet. Si le juge estime que des charges sont constituées contre Lallement, une mise en examen puis un éventuel renvoi devant une juridiction compétente pourraient être envisagés. La décision est importante pour l’évolution de l’enquête, selon les avocats des plaignants.
Contexte et portée
L’affaire s’inscrit dans un contexte plus large de débats sur les techniques de maintien de l’ordre en France et de la responsabilité des autorités civiles et policières. La mise en examen éventuelle d’un ancien préfet de police constituerait un développement notable au plan judiciaire et symbolique.








