Contexte de la décision
La compagnie aérienne irlandaise Ryanair a annoncé la suppression de ses opérations dans trois aéroports régionaux français — Bergerac (Dordogne), Brive (Corrèze) et Strasbourg (Bas-Rhin) — pour la saison hivernale. Cette décision découle de l'augmentation de la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA), entrée en vigueur en mars 2025. La taxe est passée de 2,63 euros à 7,40 euros pour les vols intérieurs ou vers l'Europe, soit une augmentation de 180 %.
Motivations de Ryanair
Ryanair justifie la réduction de 13 % de sa capacité en France, représentant l’annulation de 25 lignes et 750 000 sièges supprimés pour l’hiver 2025, par la compétitivité fiscale défavorable de la France comparativement à d’autres pays de l’Union européenne, tels que l’Irlande, l’Espagne et la Pologne. Selon la compagnie, ces pays n’appliquent pas de taxe similaire, ce qui attire davantage d’investissements de la part des compagnies aériennes.
Réactions des acteurs concernés
La décision est considérée comme une réaction à l’absence de révision à la baisse de la taxe par le gouvernement français. Certains représentants d’aéroports régionaux soulignent l’impact sur l’attractivité et la connectivité locale. À Bergerac, Ryanair représentait les deux tiers du trafic, avec environ 240 000 passagers enregistrés en 2024. D’autres dirigeants d’aéroports notent cependant qu’un nombre limité de destinations est concerné.
La Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (FNAM) et l’Union des aéroports français (UAF) relèvent une perte de revenus immédiate pour les plateformes régionales et évoquent des risques d’isolement et de diminution de la fréquentation touristique.
Position du gouvernement
Le ministre des Transports, Philippe Tabarot, a indiqué que la France avait atteint un plafond en matière de fiscalité aérienne, tout en rappelant la nécessité de garantir la connectivité nationale. Il s’est engagé à ne pas soutenir de nouvelle hausse pour le secteur dans le prochain projet de loi de finances.
Menaces et perspectives futures
Ryanair a évoqué la possibilité de rediriger ses investissements vers d’autres marchés européens où la fiscalité aérienne est plus conciliante, citant la Suède, la Hongrie et certains territoires italiens qui ont supprimé ou réduit ce type de taxe. À l’inverse, la compagnie envisage la possibilité d’investissements accrus, incluant l’achat de 25 nouveaux avions et la création de 750 emplois en France, si le gouvernement renonçait à la taxe. Enfin, des représentants du secteur mettent en avant le risque que d’autres compagnies à bas coûts suivent cette tendance, notamment dans les aéroports dépendant fortement de ce modèle.